Crise financière : pourquoi la Belgique inquiète…

Est-ce à craindre dans notre pays ? | © DR
Faillites, restructurations, mais surtout endettement de l’État : doit-on craindre une nouvelle crise financière ? Si l’on devait écrire un guide Michelin consacré aux perspectives socio-économiques, il n’est pas certain qu’on accorderait trois macarons à la Belgique, malgré un gouvernement fédéral qui passe son temps à dire que tout est sous contrôle.
Par M.B.
En vérité, ça ne l’est pas du tout. Et un événement est venu nous le rappeler en fin de semaine dernière : l’agence de notation Fitch a fait passer la Belgique de perspective stable à négative. En fait, c’est l’étape juste avant de voir sa note dégradée. En football, c’est se trouver sur le point d’être relégué en deuxième division.
Les agences de notation sont les thermomètres de la santé économique des pays et des grandes entreprises. Qu’est-ce qui les inquiète avec la Belgique ? D’abord, notre déficit public, qui explose et affiche cinq points de PIB pour 2023 alors que la moyenne européenne tourne autour des 3 %, ce qui est déjà énorme étant donné que des pays similaires aux nôtres – on peut penser à l’Autriche ou aux Pays-Bas – accusent des déficits publics encore moins importants, aux alentours de 1 % du PIB. De surcroît, ce déficit public belge vient alourdir la charge de notre dette qui, elle aussi, est énorme. Et ça, les agences de notation n’aiment pas non plus, car cela hypothèque la capacité d’un pays à investir notamment dans des grands projets d’infrastructure. Comme dans un ménage, difficile de dépenser de l’argent qu’on n’a pas.
Rapprocher Belfius et Ethias ?
Mais la cerise sur le gâteau, c’est évidemment la perspective des élections de 2024. On sait qu’on aura à la fois des législatives et des élections régionales. Il y a donc en Belgique un vrai risque d’instabilité, sachant qu’on va certainement encore galérer des mois, voire des années, à construire une coalition. Et qui dit absence de gouvernement dit pas de réformes. Or, avec le vieillissement de la population belge, tant nos pensions que notre marché du travail ou notre fiscalité ont besoin d’être revus en profondeur. Ce n’est pas très joyeux, désolé, mais c’est comme ça, on ne va pas se cacher derrière notre petit doigt. D’ailleurs, il sert à pointer le gouvernement.
Voyez aussi ce qui se passe en ce moment même aux États-Unis avec la faillite de la Silicon Valley Bank. Qui vient à la rescousse des citoyens et permet de sauver le système en garantissant les dépôts bancaires ? L’État américain. Et il peut le faire parce qu’il conserve une capacité -d’endettement et est crédible sur les marchés financiers internationaux. Désolé, ça fait un peu économie pour les nuls, mais c’est aussi basique que cela.
Un État fort et protecteur, un État qui anticipe et des banques solides et saines : en cela, par exemple, il ne serait peut-être pas idiot de créer un grand champion belge de la bancassurance en rapprochant Belfius et Ethias, deux entités qui appartiennent à 100 % aux pouvoirs publics et se compléteraient fort bien. Seul, on va vite ; ensemble, on va loin. C’est valable aussi dans le monde de l’économie et de la finance.