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Pour tester l’intelligence des chimpanzés, proposez-leur une pastèque

Le singe suit aussi une série d'autres tests d'intelligence : le "primate cognitive test battery". | © Sergio Morchon

Environnement & Animaux

Avec quelques fruits, des chercheurs sont parvenus à prouver l’intelligence générale des chimpanzés.

Tout est une question de « self-control ». Dans une étude réalisée à l’Université de l’État de Géorgie, deux chercheurs, Michaël Beran et William Hopkins, ont tenté de prouver l’intelligence de chimpanzés à travers une épreuve, « le test du marshmallow ». Au cours de celui-ci, les scientifiques proposent une pastèque à un singe, tout en lui montrant un bac rempli d’autres fruits. S’il mange la pastèque, le bac disparaît. Mais s’il attend, le panier de fruits lui sera offert en récompense.

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Dans les années 60, le chercheur et psychologue américain Walter Mischel avait déjà prouvé l’existence de ce lien entre contrôle de soi et intelligence, mais cette fois-ci chez l’être humain. Dans le test d’origine, un marshmallow remplaçe alors la pastèque. Un enfant est installé à une table, sur laquelle le chercheur pose un marshmallow. L’enfant a deux options : soit il le mange immédiatement, soit il attend le retour du chercheur et il recevra en récompense une seconde sucrerie.


À la fin du test, Walter Mischel découvre qu’un tiers des enfants sont capables de contrôler leurs envies. Mais le prolongement de cette étude est tout aussi intéressant. Plusieurs années plus tard, le chercheur parvient à montrer que ces mêmes enfants sont ceux qui décrochent de meilleurs diplômes, échappent à l’obésité ou à la drogue. Ils présenteraient donc de meilleurs performances cognitives.

Le singe… et les autres

Ce test de « récompense retardée » a ensuite été repris par d’autres chercheurs pour tester l’intelligence des chimpanzés. Quatre singes ont alors été soumis au test, durant lequel la récompense arrivait avec 20 secondes de latence. Après quoi, le singe a suivi une série d’autres tests d’intelligence : le « primate cognitive test battery », divisée en deux types d’épreuves.

©Zweer de Bruin

Pour les épreuves dites « physiques », on demande aux singes d’utiliser certains outils, de comprendre l’origine d’un bruit, de reconnaître la disparition d’un objet… Les épreuves dites « sociales » comportent des tâches comme la reconnaissance d’un geste et de la capacité du singe à le reproduire.

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Le résultat est sans appel : les singes qui parviennent à attendre calmement l’arrivée de la seconde récompense sont considérés comme plus intelligents que leurs compères. Dans cette étude, Michaël Beran rapporte que « le fait que ce lien entre la maîtrise de soi et l’intelligence existe chez des espèces autres que les humains peut démontrer une base évolutionnaire quant au rôle de la volonté dans l’intelligence générale ». Mais pour lui, il serait intéressant de voir si ce type de test fonctionne chez les autres primates, voir chez d’autres espèces animales.

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