L’île de Pâques disparait petit à petit

Les "moai" de Rapa Nui. | © EPA/IAN SALAS
La montée des eaux, dûe au changement climatique, menace désormais l’île de Pâques et les statues qui la hante. Une tragédie pour le passé et le futur.
De larges visages en pierres noircies s’élèvent dans le ciel de Rapa Nui. La visite de l’île de Pâques vient de commencer sur l’une de ses côtes bardées de fameuses statues, celle sur laquelle se couche le soleil, et les touristes s’en donnent à cœur joie à coups de clichés inoubliables. Mais pour combien de temps encore ? Car les scientifiques sont formels : l’île est menacée par la montée des eaux et les vagues puissantes qui érodent ses rivages pentus. Alors que les modèles climatiques prévoient une hausse du niveau des mers d’environs 1,5 mètres d’ici 2100, les habitants craignent que les tempêtes et la houlent ne mettent en danger les vestiges et la vie de l’île de Pâques.
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Passés et futur en danger
C’est un long article du New York Times qui sonne l’alerte : Rapa Nui – le nom polynésien de l’ilôt – et ses statues « moai » sont piégés. Et la disparition de l’héritage culturel de l’île de Pâques serait un drame, tant pour les descendants de l’ancienne civilisation qui y a vécu que pour le reste de l’humanité. Pour ces premiers, c’est toute leur histoire et leurs racines qui risquent d’être emportées par les vagues : sous les moai se trouvent des socles, qui abritent bien souvent les restes de leurs ancêtres. Et de plus en plus souvent, ces tombes se retrouvent éventrées par la nature, laissant les os cuire au soleil.

Il y a des siècles de cela, c’est toute une civilisation qui vivait sur l’île de Pâques, puissante semble-t-il, au vu des gigantesques têtes qui hantent les colines de Rapa Nui. Si l’on a jamais découvert les raisons de son effondrement – les maladies apportées par le continent, une guerre civile ou encore des rats -, c’est peut-être dans ces tombes que se trouvent les réponses des chercheurs : certaines d’entre elles renferment toujours des trésors et indices qui pourraient servir à percer les mystères de l’île.
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Le passé est donc menacé par la montée des eaux, mais aussi le futur de Rapa Nui : le tourisme y représente la source principale de richesses, selon le New York Times, et la perte des monuments qui font sa renommée serait un désastre pour ses 6 000 résidents. La disparition de l’île tout court, serait dramatique, bien évidemment. Et le scénario n’est pas inenvisageable, dès lors que les minuscules îles Marshall sont d’ores et déjà en danger de submersion par l’eau qui monte. Ses habitants deviendraient des réfugiés, tandis que les lieux comme l’île de Paques sont toujours les premiers à devoir faire face au changement climatique.
Une disparition bien amorcée
Sur l’île de Pâques, les modifications sont déjà bien visibles. L’une de ses plages de sable les plus appréciées a entièrement disparu en l’espace de quelques années. À la place, une roche noire qui s’ammenuise d’années en années.

Il y a deux ans, les représentants de Rapa Nui y ont enfoui une capsule temporelle. Dedans, d’anciennes photos d’Ovahe Beach, notamment. « Ils la sortiront dans 50 ans et ils nous verrons debouts ici, où il n’y a désormais plus de plage« , déplore Pedro Pablo Emmnuds, le maire de Hanga Roa. Quant aux statues, sur les 1 100 qui se dressent toujours vaillantes sur l’île de Pâques après tant d’années, combien se dresseront encore à la vue des générations futures ?