Quand l’agriculture urbaine s’installe sur les toits de Bruxelles

Sur le toit du Foodmet à Anderlecht, la plus grande ferme aquaponique d'Europe. | © Melvin Kobe/Bigh
Aquaponie, potager de location, ferme de grande enseigne… L’agriculture urbaine se diversifie et s’invite sur les toits bruxellois. La preuve avec le dernier projet en date, et non des moindres : la plus grande ferme urbaine aquaponique d’Europe sur les toits du Foodmet à Anderlecht.
Il suffit de monter une dizaine de marches du Foodmet, à Anderlecht, pour s’apercevoir de l’ampleur du projet. Sur une surface de 4 000 m2, une véritable ferme urbaine a pris ses quartiers sur les toits du marché sur le site des Abattoirs. Salades, roquette, fraises, persil, pak choï… Ils sont cultivés en pleine terre, à plusieurs mètres de hauteur, dans un jardin potager de 2000 m2. À côté, se trouvent une arma de panneaux voltaïques et, encore plus loin, une imposante structure de serres de même surface dans lesquelles sont cultivés des tomates, des micropousses qui contiennent 40 fois plus de nutriments que les feuilles et les plantes matures, des herbes aromatiques, mais aussi des bars rayés.
Economie circulaire
La plus grande ferme urbaine d’Europe est en effet aquaponique, combinaison d' »hydroponie », une culture hors-sol alimentée en nutriments par l’eau, et d' »aquaculture », la pisciculture. La démarche est simple et pourtant si complexe : les plantes se nourrissent de l’eau salie par les poissons, qui, après être passée par un biofiltre qui transforme ces déchets en nitrate, devient fertilisante pour les cultures. L’eau utilisée pour les douze bassins des poissons provient de la récupération d’eau de pluie et d’un puits foré à 70 mètres de profondeur. L’énergie provient quant à elle des calories non-utilisées par le Foodmet pour refroidir ses frigos et des panneaux photovoltaïques disposés sur le toit.
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Une économie circulaire donc, qui a ses avantages, selon Steven Beckers, architecte et concepteur du projet : valorisation des surfaces inutilisées, économie d’eau, support de biodiversité… La liste est longue. « L’agriculture urbaine n’est pas qu’un lien social, elle est aussi rentable« , précise Steven Beckers. Et elle est aussi durable. En ce qui concerne la distribution de ses produits, la Ferme Abattoir entend privilégier le circuit-court afin d’éviter, entre autres, la chaîne du froid qui « enlève les vitamines et le goût des aliments« , souligne l’architecte. Si, à l’heure actuelle, la Ferme Abattoir est plutôt la vitrine d’un projet ambitieux, elle pourra produire à terme 35 tonnes de bars rayés par an, 15 tonnes de tomates par an et 2 700 pots d’herbes aromatiques par semaine notamment. Le tout sera commercialisé chez Rob, dans les épiceries fines et d’autres petits primeurs et alimentera plusieurs restaurants locaux. 100% naturelle et sans aucun produit chimique, la Ferme Abattoir veut également encourager les citadins à consommer local.

Défi de taille
Développé par un groupe d’experts et de jeunes ingénieurs innovants, le projet est ambitieux. « La ville n’est pas un problème, mais bel et bien une solution », explique Steven Beckers. Si ce projet, qui n’a pas encore fait ses preuves, est le premier de ce type pour Bigh, société spécialisée dans la construction de fermes urbaines, Steven Beckers précise que ce ne sera pas le dernier. Après Anderlecht, Bigh ambitionne de développer d’autres fermes urbaines aquaponique dans d’autres communes bruxelloises, puis d’autres villes belges et ensuite d’autres pays européenns : France, Italie, Luxembourg…
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Autres initiatives
Si Bigh a développé la plus grande ferme urbaine aquaponique d’Europe, c’est loin d’être le seul projet d’agriculture urbaine à Bruxelles. Chez Peas and Love, sur les toits du magasin Caméléon à Woluwe-Saint-Lambert, il est possible de louer sa propre parcelle de potager. Les fermiers urbains plantent et entretiennent ce que vous devez de cultiver, il vous suffira ensuite de récolter les produits, en temps voulu et prévenu par les fermiers.
La grande distribution se met également à l’agriculture urbaine. Il y a un an, Delhaize a inauguré sa ferme sur le toit de son magasin Boondael, à Ixelles. Dans ce point de vente, les clients peuvent donc acheter des légumes cultivés et fraîchement cueillis au-dessus de leur tête. À plus petite échelle, de nombreux habitants ont également décidé de faire leur propre potager sur toit.