Pourquoi notre consommation « assassine » les défenseurs de l’environnement

Les violences contre les défenseurs de l'environnement restent largement impunies. | © Global Witness | At What Cost?: Stand with Defenders of land and our environment (Capture d'écran).
Le rapport annuel de l’ONG britannique Global Witness confirme la hausse continuelle du nombre de défenseurs de l’environnement assassinés. En 2017, ils étaient au moins 207.
Leaders autochtones, rangers chargés de protéger la faune sauvage ou « personnes ordinaires » défendant leur terre ou leur rivière : au moins 207 d’entre eux ont perdu la vie en 2017, dont 60 % rien qu’en Amérique latine. Ils s’opposaient à des projets miniers, forestiers ou agro-industriels et ont osé dire « non » à ceux qui pillent et détruisent les ressources de la planète.
Lire aussi > Pourquoi le charbon de bois détruit les forêts tropicales
2017 est sans surprise une année noire pour les défenseurs de l’environnement selon l’ONG Global Witness. Le bilan, publié ce mardi, est sans doute bien en-deçà de la réalité, souligne l’ONG britannique. Et il surpasse celui de 2016 qui, avec au moins 200 morts, était déjà une année record.
At least 207 #EnvironmentDefenders were brutally murdered in 2017 – the deadliest year on record, with the rising death toll linked to demand for consumer goods like coffee, bananas and palm oil.
For the full picture see our report #AtWhatCost https://t.co/gWS9lWwVEF pic.twitter.com/JgcozuuokT
— Global Witness (@Global_Witness) 24 juillet 2018
Un décompte macabre en augmentation constante
Le décompte ne cesse d’augmenter depuis cinq ans et ne révèle que l’extrême issue de ces attaques : les meurtres. Mais Global Witness pointe aussi la multiplication des menaces, des agressions sexuelles, des interdictions de sortie du territoire ou encore des expropriations que subissent ces activistes à travers le monde. Dans son édition 2018, l’ONG décrit aussi ce qui s’apparente à des tueries de masse.
Le Brésil a connu la pire année, avec 57 meurtres. Mexique et Pérou ont vu les exactions quadrupler en un an. La Colombie en a compté 24.
En Afrique, sur 19 meurtres, 17 étaient liés à du braconnage ou des activités minières illégales. De l’autre côté de la planète, 48 personnes ont été tuées pour les seules Philippines, du jamais vu dans un pays asiatique, selon ce rapport.
#Agribusiness has become the most dangerous sector for #EnvironmentDefenders, with 46 of the 207 activists killed last year having protested against palm oil, coffee, fruit & sugar cane plantations, as well as cattle ranching. #AtWhatCosthttps://t.co/xeMEPs93y5 pic.twitter.com/uKlNjVpgag
— Global Witness (@Global_Witness) 24 juillet 2018
Notre consommation nourrit cette violence
Au total, un quart des homicides recensés sont liés à l' »agrobusiness ». 40 ont eu lieu sur fond de disputes minières, 26 en lien avec l’abattage de forêts, et un nombre record de 23 personnes, surtout des rangers africains, ont été tuées en tentant de protéger les animaux des braconniers.
Global Witness assure dans son rapport que « le lien » est avéré entre cette violence et nos produits de consommation courante : « Agriculture de masse, mines, braconnage, abattage forestier… alimentent en composants et ingrédients les rayons de nos supermarchés, qu’il s’agisse d’huile de palme pour les shampoings, de soja pour le boeuf ou de bois pour nos meubles ».
« Les étagères de nos supermarchés sont remplies de produits issus de ce carnage », s’insurge Ben Leather de Global Witness.
Lire aussi > Le procédé bien huilé des braconniers pour tuer des millions d’oiseaux
Ces violences persistent à travers la planète et se multiplient car elles restent largement impunies. Ainsi, sur les 458 assassinats d’activistes des droits humains perpétrés entre 2009 et 2016, 87 % n’ont donné lieu à aucunes poursuites judiciaires, selon le programme Somos Defendores.