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Extinction des espèces : une orque porte son bébé mort pendant 17 jours

La surpêche du saumon en Alaska et Canada détruit l'écosystème marin et nuit à l'alimentation des orques.

Environnement & Animaux

Une maman orque a fait le deuil de son bébé en le traînant pendant 17 jours à travers l’Océan Pacifique pour finalement abandonner sa dépouille. L’image a fait le tour du monde et alerte sur la menace de disparition pesant sur ces cétacés.

Une image forte, émouvante et remplie d’horreur. Une image qui a bien plus marqué les internautes que n’importe quelle vidéo de petits chats mignons. Après l’avoir porté pendant près de 17 jours à travers l’Océan Pacifique, l’orque Tahlequah a finalement abandonné la dépouille de son bébé décédé au large de l’Île de Vancouver. Samedi 11 août, le Center for Whale Research (CWR) a indiqué dans un communiqué que l’orque avait été repérée en compagnie d’autres cétacés au large des côtes canadiennes et avait repris une vie « normale ».

Un processus de deuil jamais vu

L’orque, baptisée Tahlequah ou J35 pour les scientifiques, a parcouru plus de 1 600 kilomètres. « J35 vient de passer à côté de mon hublot. Elle a l’air vigoureuse et en bonne santé », confiait Ken Balcomb du Center for Whale Research au The Seattle Times. La mort de sa fille semble avoir activé un processus de deuil jamais référencé jusqu’alors. 17 jours d’un chemin de croix où elle portait son cadavre jour et nuit, plongeant sans arrêt dans les profondeurs dès qu’il glissait de sa tête la soutenant.


L’histoire qui a fait le tour du monde a attiré l’attention de l’opinion publique sur la situation des orques. Le bébé orque était le premier né dénombré dans les trois dernières années au sein de l’espèce comptant 75 individus recensés dans le sud de l’hémisphère. Espèce menacée, l’orque devrait être pourtant en mesure de se reproduire dans le futur en raison de son jeune âge, 20 ans.

La pêche intensive, ce fléau

« La raison pour laquelle J35 a perdu son bébé, et que d’autres orques perdent leurs bébés, c’est tout simplement parce qu’il n’y a pas assez de saumon dans les océans », déplore Ken Balcomb au quotidien, avant de poursuivre, optimiste : « Avec un peu d’espoir, on peut lutter contre ce fléau ». Le saumon fait l’objet d’une surpêche dans la zone concernée – Alaska et Canada – pour raisons commerciales.

Autre complication : les machines de l’homme, comme un barrage hydroélectrique, peuvent les empêcher d’accomplir leur trajet naturel pour déposer les œufs, et ainsi participer au renouvellement des populations. Conséquence, les orques doivent parcourir des distances de plus en plus grandes pour subvenir à leurs besoins. Problème, il faut un peu moins d’un an pour qu’un bébé orque apprenne à nager correctement, explique Ken Balcomb.

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Ces mammifères marins doivent compter sur leur mère pendant plusieurs années avant de pouvoir se nourrir eux-mêmes. « L’extinction est imminente », avertissait-t-il dans des propos recueillis par CNN, déjà un mois plus tôt.

Le CWR précise que la maman semble être en « bonne forme physique ». Tahlequah a été repérée en train de « chasser énergiquement un banc de saumons avec ses congénères dans le détroit de Haro », près de Vancouver (Canada).

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