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Comment les animaux modifient leurs comportements pour éviter les humains

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Image d'illustration. | © Unsplash / Johanneke Kroesbergen.

Environnement & Animaux

Nos amies les bêtes préfèrent de plus en plus se sustenter pendant la nuit que de nous croiser de jour.

C’était il y a quelques années, lors d’une mission en Tanzanie. Kaitlyn Gaynor, chercheuse en biologie, et son équipe de scientifiques font une découverte surprenante. Des caméras détectrices de mouvement installées par leurs soins observent un changement d’habitudes chez les antilopes : alors qu’en temps normal elles se déplaçaient plutôt pendant la journée pour se nourrir, les ruminants aux pattes menues décident de privilégier la nuit.

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Phénomène mondial

Après des analyses et des recherches approfondies, notre équipe de chercheurs fait une découverte : d’autres espèces de mammifères, un peu partout dans le monde, optent pour ce changement nocturne et délaissent la journée. Au Mozambique, les éléphants ont commencé à suivre des routes en mode noctambule, alors qu’auparavant ils profitaient de la forêt en journée, relativement éloignés des humains. Au Népal, les tigres choisissent de se déplacer plus régulièrement la nuit que le jour. En Pologne, les sangliers proches des villes, autrefois animaux diurnes, prennent l’habitude de vivre dans la pénombre également.

© Unsplash / Bas de korte.

« Une fois que ce phénomène nocturne est arrivé sur notre radar, nous avons commencé à le voir partout », raconte Kaitlyn Gaynor au site web de The Atlantic. Ainsi, des dizaines d’espèces, sur tous les continents (sauf l’Antarctique), préfèrent vivre la nuit pour nous éviter, nous les mauvais êtres humains.

Un impact humain parfois involontaire

En 2001 déjà, le spécialiste des sciences de la mer Stephen R. Palumbi écrivait que non seulement nous transformions l’environnement de façon volontaire, mais aussi involontairement. Dans un article pour la revue Science, il détaillait comment l’espèce humaine était devenue « la source d’évolution dominante dans le monde ». Ainsi, l’impact que nous avons sur notre environnement ne se limite pas aux manipulations voulues pour favoriser telle ou telle caractéristique sur un animal ou une plante.

© Unsplash / Antoine Pluss.

Notre simple présence est perçue par la faune sauvage comme une menace. Et comme nous vivons le jour, les espèces animales préfèrent changer de rythme de vie plutôt que d’avoir à nous côtoyer. Pour Kaitlyn Gaynor, cela pourrait amener certaines espèces à développer des nouvelles caractéristiques. La cornée des mammifères habituellement diurnes pourrait s’agrandir, leurs oreilles devenir plus sensibles, de même que leur odorat.

Des habitudes vouées à changer de manière perpétuelle

Vraisemblablement, les évolutions de certaines espèces conduiront à des évolutions chez d’autres. L’étude montre par exemple que les coyotes californiens ont investi la nuit et commencent à chasser des rongeurs qu’ils délaissaient auparavant. Ces derniers vont donc probablement à leur tour changer leurs habitudes et sortir pendant la journée.

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La vie est un éternel recommencement. Il y a des millions d’années les petits mammifères vivaient la nuit pour éviter les dinosaures qui dominaient la planète. Ce n’est qu’après leur extinction qu’ils ont pu progressivement sortir de leur vie nocturne.

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