Sous ecstasy, les pieuvres deviennent bien plus câlines

Une pieuvre sur le départ pour un festival psychédélique sous-marin. | © Unsplash / Vlad Tchompalov.
Des chercheurs viennent de découvrir que nos amies les créatures des fonds marins partagent des similitudes avec l’espèce humaine.
Les poulpes et les humains n’ont, à première vue, rien en commun. Ces créatures solitaires au sang bleu et à la texture gélatineuses sont dotées d’une intelligence hors-norme (elles possèderaient jusqu’à 300 millions de neurones) et savent, entre autres choses, ouvrir des pots avec leurs tentacules ou taper des « high-five ».
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Lorsque nos charmantes pieuvres, dotées de huit tentacules et de trois coeurs et ressemblant plus à des extraterrestres, se retrouvent plongées dans une eau qui contient des traces d’ecstasy, des similitudes apparaissent alors avec nous, les humains. Une étude, publiée dans la revue Current Biology ce jeudi 20 septembre et relayée par National Geographic, nous apprend que ces créatures qui peuplent les fonds marins deviennent alors plus amicales et sociales lorsqu’elles sont exposée à la MDMA.

Cette découverte témoigne, sur le plan de l’évolution, que nous partageons plus de choses avec cette espèce que nous aurions pu le penser, selon des précisions des neuroscientifiques de la Johns Hopkins University School of Medicine. « Les cerveaux des poulpes sont plus proches de ceux des escargots que des humains, mais nos recherches apportent la preuve qu’elles peuvent montrer des attitudes similaires aux notres », selon Gül Dölen. Dölen et son équipe se sont intéressés aux effets de l’ecstasy sur les poulpes en raison de leur intelligence hyper développée.
Des poulpes farceurs
D’après les chercheurs, les céphalopodes solitaires attirent leurs proies dans leurs tentacules, apprennent par observation et ont une mémoire épisodique. Ces créatures auraient même un sens de l’humour et feraient des farces. Eric Edsinger et Gül Dölen ont étudié la séquence génomique des Octopus bimaculoides. Ils ont découvert des similitudes surprenantes entre les pieuvres et les humains. Nous possédons presque les mêmes codes génétiques pour le transporteur qui lie le neurotransmetteur sérotonine – un régulateur d’humeur – à la membrane des neurones.
La sérotonine est associée à l’humeur et liée à la dépression. Dans le cerveau humain, la MDMA, plus communément appelée la « drogue du bonheur », relie les cellules qui transportent la sérotonine. C’est la raison pour laquelle la prise d’ecstasy altère les humeurs et transporte les gens en extase.
Des questions éthiques
Les recherches prouvent que les poulpes solitaires exposées à la MDMA deviennent donc effectivement bien plus sociables. Quatre pieuvres plongées pendant dix minutes dans de l’eau avec de la MDMA liquéfiée ont absorbé de la drogue à travers leurs branchies. Les pieuvres ont ensuite été séparées dans des chambres expérimentales. Les quatre créatures sous ecstasy ont été placées dans ces zones pendant 30 minutes et ont toutes montrées un intérêt pour le dispositif voisin dans lequel une pieuvre était enfermée. Sans l’ecstasy, les pieuvres ont montré beaucoup moins d’intérêt envers la créature enfermée.
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Cette expérience démontre donc, selon les chercheurs, que les circuits du cerveau qui guident les attitudes sociales chez les pieuvres ne sont pas si différents que chez les êtres humains. Elles sont la plupart du temps inexploitées sauf lors des accouplements et l’effet social peut être influencé par l’utilisation de l’ecstasy.
La découverte pourrait aider les scientifiques à développer de nouveaux médicaments psychiatriques même si, encore une fois, cette étude pose des questions éthiques sur l’utilisation de drogues sur les animaux à des fins scientifiques