La Belgique étouffe sous la pollution (et c’est visible depuis l’espace)

Des usines à Anvers, la ville la plus polluée du pays. | © BELGA PHOTO WIM HENDRIX
La Belgique est l’une des régions du monde les plus polluées par le dioxyde d’azote (NO2), révèlent de nouvelles données satellites de l’Agence spatiale européenne (ESA) analysées par Greenpeace, alerte lundi l’ONG environnementale. La région d’Anvers est particulièrement touchée.
Un nouveau satellite de l’ESA permet d’étudier et de comparer les sources d’émission de dioxyde d’azote les plus polluantes au monde. Greenpeace s’est appuyé sur ces données pour publier une carte interactive des 50 plus grands points chauds en matière de concentration en NO2 à travers le monde. La région d’Anvers en fait partie alors que la Belgique est l’une des zones les plus polluées par le dioxyde d’azote en Europe.
L’organisation environnementale attribue cette situation à l’industrie portuaire à Anvers, qui a une influence sur la pollution de l’air. Mais aussi et surtout au grand nombre de voitures diesel et à la densité du réseau routier belge. « Le trafic est le principal coupable des impacts sur notre santé, surtout sur celle de nos enfants. Nous sommes, en effet, exposés plus souvent et de beaucoup plus près à la pollution des pots d’échappement des voitures qu’à l’air vicié des cheminées du port d’Anvers », affirme Joeri Thijs, expert en qualité de l’air chez Greenpeace.
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Nouveau signal d’alarme pour les politiques
Après les résultats de l’opération ‘Mon Air Ma Rue’, qui ont révélé des hautes concentrations de NO2 dans six villes wallonnes, c’est un nouveau signal d’alarme pour les politiques, estime l’ONG. « Les élus qui négocient actuellement les coalitions dans les grandes villes ne peuvent ignorer ces résultats. Nos villes peuvent être pionnières dans l’abandon rapide du diesel et ensuite de l’essence, et nous conduire à une mobilité saine avec beaucoup moins de circulation automobile et de meilleures alternatives à la voiture », estime encore Joeri Thijs.
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Première cause de mort prématuré en Europe
Cette carte interactive de Greenpeace survient quelques heures après le dernier rapport de l’Agence européenne de l’environnement (AEE). Selon lui, la pollution de l’air constitue la première cause de mort prématurée dans 41 pays d’Europe. L’agence s’est basée sur quelque 2 500 stations de mesure à travers le continent. Malgré des améliorations, la qualité de l’air est inférieure aux normes de l’Union européenne et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en de nombreux endroits.
La pollution de l’air est un tueur invisible et nous devons redoubler d’efforts pour nous attaquer à ses causes.
– Hans Bruyninckx, directeur exécutif de l’AEE
Les concentrations de particules fines (PM2,5), de dioxyde d’azote (NO2, émis par les moteurs diesel) et d’ozone (O3) ont légèrement reculé dans l’air européen, selon les chiffres de 2015 sur lesquels porte l’étude, mais se maint iennent globalement au-dessus des limites autorisées par l’UE – et de celles recommandées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), encore plus strictes.
L’AEE estime que les particules fines ont été responsables d’environ 391 000 morts prématurées en 2015 dans les 28 pays de l’UE, un chiffre qui monte à 422 000 dans les 41 pays européens passés au crible dans le rapport. Le chiffre, conséquent, représente tout de même une « réduction d’un demi-million de décès prématurés par an » par rapport à 1990, est-il précisé dans le communiqué de l’AEE.
Avec Belga