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Les chimpanzés, aussi manipulateurs que les humains

Chimpanzé

Pendant que des jeunes primates appuyaient sur des boutons permettant de libérer du jus de fruit d'une fontaine, le chimpanzé Bobby l'a bu seul. | © Jesper Aggergaard / Unsplash

Environnement & Animaux

Lors d’une expérience, le chimpanzé Bobby a manipulé ses pairs afin de boire tout le jus de fruit. 

 

Découverte de taille pour les chercheurs des universités de Saint Andrews, de Leipzig et de l’institut Max-Planck. Alors que l’on pensait jusqu’ici que la manipulation était l’apanage de l’être humain, ils ont constaté qu’une autre espèce peut elle-aussi se montrer machiavélique pour parvenir à ses fins : le chimpanzé.

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Soif inétanchable

Lors de l’étude, un groupe de chimpanzés a été placé devant une fontaine de jus de fruit, dont ils sont particulièrement friands. Pour libérer (et déguster) le breuvage, il fallait appuyer simultanément sur des boutons situés à trois mètres. En conséquence, un seul chimpanzé à la fois pouvait étancher sa soif, à la seule condition d’être aidé par ses pairs. Mais Bobby, un primate de 24 ans, n’a pas fait preuve de l’esprit de coopération attendu. Pendant que les plus jeunes appuyaient sur les boutons, ce dernier a bu seul le jus de fruit, sans jamais laisser leur tour à d’autres. On aurait pu s’attendre à ce que ces jeunes primates, lassés, finissent par cesser d’appuyer sur les boutons. Mais il n’en a rien été.

Chimpanzé
© Flickr

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« Premièrement, il les a activement recrutés en les faisant rouler ou en les faisant glisser vers les boutons. Dans ces situations, les mineurs avaient rarement la possibilité de s’échapper et étaient sous le contrôle quasi total de Bobby. Ensuite, Bobby a poussé les juvéniles dans la direction des boutons. Les boutons et la fontaine étant distants de 3 mètres, il a dû les relâcher pour boire à la fontaine. Son contrôle était donc limité et les mineurs pouvaient décider d’appuyer sur les boutons ou de s’échapper. Lorsqu’ils tentaient de s’échapper, cependant, un outil social lui a permis de les récupérer avec succès dans presque la moitié des cas, suggérant une forme de contrôle », explique l’étude publiée dans The Journal of Comparative PsychologyEn effet, lorsque les jeunes chimpanzés faisaient preuve de lassitude, Bobby poussait un un cri en tendant le bras (photo). Stratagème qui a marché plus de cent fois.

 

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