Pourquoi le Japon va reprendre la chasse à la baleine commerciale

De l'après guerre aux années 70s, la viande de baleine a fait partie intégrante de l'alimentation nippone. | © GREENPEACE/JIRI REZAC
Les Japonais voient l’interdiction de pêcher le mammifère comme une atteinte à leur souveraineté, la pratique étant considérée comme une tradition millénaire.
Ce mercredi 26 décembre, la nouvelle faisait les gros titres. Le Japon se retire de la Commission Baleinière Internationale (CBI) dans le but de reprendre la pêche commerciale dès le mois de juillet prochain. Ce retrait entérine des pratiques officieuses qui sont en réalité en cours depuis des années dans l’archipel. Une (très) mauvaise nouvelle pour la biodiversité, certaines espèces de baleines étant protégées. Qu’est-ce pousse le Japon a faire fi des règles internationales et de la de la « nécessité de protéger nos océans et ces créatures majestueuses » – selon les termes de la branche japonaise de Greenpeace – alors que les Nippons mangent aujourd’hui moins de 40 grammes de viande de baleine par an ?
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Atteinte à la souveraineté
Pour mieux comprendre l’attachement japonais à la viande de baleine, il faut revenir à la fin de la deuxième Guerre Mondiale, explique Le Monde. La pêche de baleine permet à l’époque à une partie de l’archipel japonais de survivre, la population ayant du mal à trouver de la viande. Jusqu’aux années 70s, la viande de baleine fait alors partie intégrante de l’alimentation nippone.

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En 1986, le pays signe le moratoire sur la chasse à la baleine décidé par la CBI, mais il utilise une faille du texte qui autorise la chasse aux cétacés pour des recherches. Selon l’ONG Sea Shepherd, plus de 32 000 cétacés ont été tués au Japon entre la signature du moratoire et aujourd’hui, ce qui provoque l’indignation de la communauté internationale. En 2014, le Japon est condamné par la Cour Internationale de Justice pour surpêche en Antarctique. Le pays vit l’événement comme une « attaque culturelle » et un « préjugé sur la culture japonaise ». Les dirigeants refusent de se plier à ce qu’ils considèrent comme un diktat, et la population tient le même discours. Ajoutons à cela le fait que les régions de pêche ont porté l’industrialisation du Japon. De celles-ci sont issus énormément de politiques, qui défendent la pratique becs et ongles.

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Le 15 septembre 2018, une réunion de la CBI s’achève par le rejet du texte phare porté par le Japon, intitulé « le chemin à suivre ». Il visait à mettre en place une double voie au sein de la CBI, instance de 89 pays membres, afin de faire co-exister la préservation et la chasse commerciale des baleines qui aurait été gérée par un « comité de la chasse à la baleine durable ». Mais les pays défenseurs des baleines, conduits par l’Australie, l’Union européenne et les États-Unis, ont torpillé le texte nippon, par 41 voix contre 27. Le vice-ministre japonais de la Pêche, Masaaki Taniai, avait alors vivement regretté le résultat du vote et brandi l’option ultime de quitter la CBI. Menace mise à exécution ce mercredi 26 décembre.