À cause du réchauffement climatique, la végétation gagne de l’altitude et se rapproche du sommet du mont Everest

La flore se multiplie dans l'Himalaya, entre 4 150 et 6 000 m d'altitude. | © Flickr / Bousure
Avec la fonte des glaces, l’écosystème dans la région de l’Himalaya évolue et la végétation se fait de plus en plus importante. Selon les scientifiques, cela pourrait bien avoir des conséquences sur l’accès à l’eau dans la région, ce qui impacterait 1,4 milliard de personnes.
Connu pour ses neiges éternelles, l’Himalaya doit faire face depuis quelques années au réchauffement climatique qui réduit considérablement ses zones de neige et de glace. Ce changement n’est pas sans conséquence pour la région et son écosystème. Au-delà de la fonte des glaces, la végétation dans la région s’adapte et évolue nous apprend The Guardian.
The areas around Mount #Everest, and across the Himalayan region has seen expanding plant life – new #research using #satellite data has shown https://t.co/xN4Wl8DboH @dominic_fawcett @UoExeterCGES @KAnderson_RS pic.twitter.com/o8BZiJo3Ql
— Research at Exeter (@UofE_Research) January 10, 2020
« Beaucoup de recherches ont été effectuées sur la fonte des glaces dans la région de l’Himalaya, notamment une étude qui a montré comment le taux de perte de glace a doublé entre 2000 et 2016 », explique le docteur Karen Anderson de l’Université d’Exeter, en Angleterre. « Il est important de surveiller et de comprendre la fonte des glaces dans les grands systèmes montagneux, mais les écosystèmes subnivaux couvrent une bien plus grande surface que la neige et la glace permanentes et nous en savons très peu sur eux et sur la façon dont ils modèrent l’approvisionnement en eau. »
La fonte des glaces laisse plus de la place à la végétation
Les scientifiques se sont donc intéressés au rôle que joue la flore dans une zone bien précise, juste au-dessus des arbres et en dessous de la neige, soit entre 4 150 et 6 000 m d’altitude. Dans cette région subnivale (« sous la neige »), la végétation se limite principalement à des petites herbes et des arbustes. Grâce à des images satellites prises par la NASA entre 1993 et 2018, les chercheurs ont pu constater une légère (mais notoire) augmentation de la végétation dans cette zone inaccessible. « Les tendances les plus fortes et les plus significatives ont été observées dans la région haute, entre 5 000 et 5 500 mètres d’altitude », spécifie le rapport.

Bien que l’étude n’examine pas les causes de ce changement, les chercheurs ont déclaré que leurs conclusions étaient conformes à leurs prévisions montrant un déclin des zones à température limitée – où les plantes ne peuvent pas pousser à cause des températures trop basses – en raison du changement climatique. À cause du réchauffement ambiant, la démarcation de la neige monte en altitude, permettant à la végétation de pousser dans des zones où elle ne pouvait pas il y a encore 30 ans.
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Bonne ou mauvaise nouvelle ?
Quant à savoir si cette évolution est positive ou non, les avis sont partagés. Si les scientifiques se fient à des études effectuées en Arctique, les plantes réchaufferaient le sol plus rapidement à cause de leur capacité à absorber de la lumière. Les conséquences seraient catastrophiques pour la région de l’Himalaya, avec une accélération encore plus rapide de la fonte des glaces, au risque de provoquer des inondations plus bas dans la vallée. « La zone subnivale est l’endroit où la neige saisonnière est retenue et s’il fait plus chaud, vous aurez des taux de fonte plus rapide et un risque accru d’inondation », confie le docteur Anderson. De plus, cette végétation florissante pourrait jouer un rôle dans l’approvisionnement en eau de la région. L’Himalaya alimentant les 10 plus grands fleuves d’Asie, 1,4 milliard de personnes dépendent de cette chaîne de montagnes pour leurs ressources en eau.
Une autre hypothèse, totalement opposée, estimerait au contraire que la végétation aide à refroidir la zone. La seule étude effectuée dans la région, au Tibet, a trouvé que l’eau des plantes s’évapore par les feuilles, ce qui exerce un effet refroidissant. Les scientifiques souhaitent donc que de nouvelles études soient effectuées dans cette région du monde afin de comprendre l’impact réel de ses plantes sur le sol et la neige.