Plastique dans le sel : le goût amer de la pollution des océans

Vous reprendrez bien un peu de plastique sur vos frites ? | © Flickr @ Yalr Aronshtam
Véritable dépotoir à ciel ouvert, les océans sont de plus en plus pollués par le plastique. Et après les tortues et les dauphins, c’est au tour des humains d’en pâtir. Selon une étude réalisée par des chercheurs malaisiens, sur seize marques de sel originaires de huit pays, toutes sauf une contiennent des microplastiques. Bon appétit.
Sous les pavés, la plage. Et sous les vagues ? La pollution. En avril dernier, l’entrepreneur suisse Marco Simeoni s’est lancé dans une odyssée de cinq ans à bord d’un catamaran. Objectif : collecter et mesurer la présence de plastique dans les mers. Une tâche dantesque, ainsi qu’il l’a confié à nos collègues de Libération : « Ce qui se passe est terrible, il faut agir vite. La pollution plastique est partout. Sur la trentaine de sites que nous avons visités, aucun n’en était exempt, y compris les atolls les plus reculés d’Asie ou de Polynésie. Nous n’avons pas trouvé sur notre route de « septième continent » ni d’île de plastique, mais plutôt cette omniprésente « soupe de plastique », qui pose un défi bien plus complexe encore ». La « soupe de plastique » ? Un bouillon peu ragoûtant fait de microplastiques, de minuscules débris mesurant entre un micromètre et cinq millimètres de diamètre, issus de la fragmentation des déchets mais aussi des fibres des vêtements ou encore des produits debeauté exfoliants. Du plastique microscopique aux allures de tueur de masse, sur lequel s’étouffent tortues, otaries et dauphins. Et l’homme est également menacé par cet ingrédient indigeste.
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Des polymères dans l’assiette
Selon une étude réalisée par des chercheurs malaisiens, le sel de table serait en effet parsemé de grains de plastique. Pour obtenir le panel le plus varié possible, les chercheurs ont analysé des marques de sel venues de huit pays : Australie, France, Iran, Japon, Nouvelle-Zélande, Portugal, Afrique du Sud et Malaisie. Si les noms des marques n’ont pas été dévoilés, seize marques au total ont été analysées. Mauvaise surprise : seule l’une d’entre elles ne contenait pas de plastique. Ainsi que le relate le Huffington Post, le plastique qu’ils ont extrait de ces sels était dans 41,6% des cas des polymères, sous forme de fragments de plastique, de filaments ou de film. De quoi couper l’envie de passer le sel.
Plastique indigeste
Il y a quelques mois, la mer avait déjà mis les gourmets en émoi, après qu’une étude scientifique ait révélé que les amateurs de fruits de mer consomment en moyenne 11 000 microparticules de plastique par an. Selon les scientifiques qui se sont penchés sur le plastique dans le sel, à condition de consommer tout son sodium sous forme de sel de table, on atteindrait une quarantaine de microparticules par an dans l’estomac. Pas la mer à boire ? Le professeur en écotoxicologie Jérôme Cachot met en garde dans les colonnes de Libé : « les effets des microplastiques sur la santé des organismes, et notamment sur les consommateurs en fin de chaîne alimentaire, dont l’homme, sont encore peu connus ». Reste à espérer que les larves mangeuses de plastique aient faim : elles ont 150 millions de tonnes de déchets plastiques à dévorer.