La campagne de GAIA contre l’abattage sans étourdissement agace des élus PS

La nouvelle campagne de GAIA a été lancée quelques jours avant l'Aïd. | © GAIA
À la veille de l’Aïd, l’association GAIA a martelé sa dernière campagne contre l’abattage rituel d’une action nocturne. Des manifestations qui énervent certains élus.
Ce jeudi soir, la place royale de Bruxelles est plus illuminée que d’ordinaire : des bougies bougent au rythme des militants et éclairent de larges affiches. L’égérie de GAIA, cette année, est un mouton blanc pleurant une larme de sang. Depuis plusieurs jours déjà, les posters peuplent les rues de Bruxelles, sans message explicite. L’association a aussi disposé sur les pavés des peluches représentant les animaux traditionnellement sacrifiés à l’Aïd al-Adha, qui a lieu ce vendredi 1er septembre.
À travers l’action nocturne, l’organisation belge de lutte pour les droits des animaux vise directement l’abattage rituel sans étourdissement, pratiquée par les musulmans à l’occasion de l’une de leurs deux fêtes officielles. « Très petit, minable », s’emporte à ce propos sur Facebook Abobakre Bouhjar, conseiller communal PS à Schaerbeek et coordinateur du MRAX – Mouvement contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Xénophobie. « Gaïa démontre que son véritable but n’est pas le bien-être animal, mais la stigmatisation des musulmans. Pire ils instrumentalisent la cause du bien être animal pour atteindre leur véritable but ! La stigmatisation d’une communauté en particulier ! »
Les affiches de #GAIA à l’occasion de la fête du sacrifice font passer les #musulmans pour des barbares; c’est un acharnement hypocrite #Aïd
— Jamal Ikazban (@ikazban) 31 août 2017
De son côté et sur Twitter, Jamal Ikazban, député bruxellois et chef de groupe de l’opposition PS au conseil communal Molenbeek dénonce « un acharnement hypocrite », qui fait « passer les musulmans pour des barbares ». Abobakre Bouhjar demande quant à lui « une plainte et une mobilisation afin de les condamner sérieusement » et de s’assurer du « retrait de leurs subventions ». « L’argent public ne peut pas servir à la stigmatisation », martèle-t-il. GAIA n’est pourtant pas subventionné. « Ça nous permet de garder notre indépendance », explique l’association, qui est entièrement financée par ses membres et donateurs.
Mauvais timing
C’est notamment le timing de l’action, la veille de l’Aïd, qui dérange – même si GAIA lance chaque année une campagne similaire contre le foie gras, à l’approche de la fin d’année, où beaucoup fêtent Noël. D’autant qu’en mai dernier, le parlement wallon avait approuvé la proposition de décret interdisant l’abattage sans étourdissement préalable. La mesure – co-signée par le PS, le MR et le cdH – sera effective au 1er juin 2018, avec une dérogation jusqu’au 1er septembre 2019 pour l’Aïd al-Adha. À Bruxelles, cette année déjà, la ville n’autorise plus les installations mobiles pour le sacrifice des moutons, et réfléchit à interdire également l’abattage rituel sans étourdissement.
La répétition des campagnes agace également les musulmans : en 2014 déjà, 10 000 manifestants (chiffres GAIA) défilaient pour dénoncer les abattages sans étourdissement. Deux ans plus tard, l’association gagnait un procès contre le parti ISLAM, coupable d’avoir diffusé des tracts mensongers au sujet des abattages illégaux à domicile.
Pour les deux élus et de nombreux anonymes, c’est ici d’acharnement et de stigmatisation dont il s’agit, au cœur de cette campagne. Une accusation dont GAIA se défend très clairement dans un communiqué : « Tant que les gens mangeront de la viande et que des animaux seront donc abattus – de manière rituelle ou non –, GAIA sera toujours d’avis que l’abattage doit en toutes circonstances être précédé d’un étourdissement », rétorque Michel Vandenbosch, président de l’association, arguant que les musulmans peuvent toujours se tourner vers l’électronarcose, un « procédé réversible tout à fait compatible avec les préceptes de l’islam ». « Les campagnes de GAIA ne s’élèvent pas contre les traditions religieuses, mais bien contre la souffrance animale qui en découle », assure-t-on du côté des défenseurs des animaux.