Hommage à Johnny Hallyday : Comment l’Élysée a préparé la cérémonie

La cérémonie a eu lieu le 9 décembre dernier, à Paris. | © BELGA PHOTO ANTHONY DEHEZ
Réunis par Line Renaud, Brigitte et Emmanuelle Macron ont tissé une amitié récente mais profonde avec Johnny Hallyday. Pour organiser l’hommage national au chanteur, l’Élysée n’a rien laissé au hasard.
Deux heures du matin, mercredi 6 décembre. Laeticia appelle Brigitte. Depuis des semaines, la première dame prend régulièrement des nouvelles. Elle apprendra la mort de Johnny avant l’AFP. Les Macron et les Hallyday, c’est une histoire qui remonte à l’été 2016. La rencontre s’est faite à l’occasion de l’anniversaire de Line Renaud, sa marraine télévisuelle, celle avec qui tout avait commencé en 1960. Les Hallyday avaient organisé la fête chez eux, à Marnes-la-Coquette. C’est encore Line qui les a réunis en juin. Quelques jours plus tard, le couple présidentiel assistait au concert des Vieilles Canailles, à Paris, et Johnny, qui a connu tous les présidents depuis de Gaulle, n’a pas manqué de saluer son « ami Emmanuel Macron, présent dans la salle ». Ce soir-là, pour éviter au rockeur, déjà très malade, de perdre du temps et de se fatiguer, le chef de l’Etat lui a fait envoyer des motards qui l’escorteront jusqu’à l’AccorHotels Arena… Les deux couples se reverront, toujours chez Line Renaud. C’était il y a un mois et demi, et ça restera la dernière fois.
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Ce 6 décembre dans la nuit, le président ne dort pas. Sa femme le prévient aussitôt. En fin d’après-midi, Brigitte Macron passera plus de deux heures à Marnes-la-Coquette. Comment ne pas avoir envie de soutenir Laeticia dans cette épreuve ? En France, l’émotion est immense, on commence à parler de funérailles nationales. Les deux premiers enfants de Johnny, David Hallyday et Laura Smet, sont inquiets à l’idée que l’hommage national l’emporte sur l’intimité que la famille aimerait préserver, que le chagrin des Français les prive de leur cérémonie. Brigitte les reçoit donc le jeudi, à l’Élysée, à leur demande. Le chef de l’État a saisi l’ampleur de l’émotion. Il a toujours admiré Johnny, il sait quelle est sa dimension. Le palais, la préfecture de Paris et la famille se mettent d’accord pour le choix d’un lieu : l’église de la Madeleine, la préférée de la République, avec son allure de temple grec. C’est là qu’eurent lieu les funérailles de Joséphine Baker, de Dalida et d’Henri Salvador. Le vicaire général de Paris, Mgr Benoist de Sinety, réputé pour son calme et son charisme, officiera.

Macron célébrera le parcours d’un « héros français », au pseudonyme américain et au destin national
C’est de cette étrange alchimie, le cocktail du showbiz et de la haute administration, que va naître ce chef-d’œuvre de journée historique. Farran leur apprend que Johnny n’avait pas refusé de regarder sa mort en face. Homme de spectacle jusqu’au bout, il avait envisagé ce jour d’après. Il voulait quelque chose de « très rock’n’roll » et demandait à rester aussi peu éloigné que possible de son public et de ses fans. Farran décide de faire monter un podium et des écrans géants, où seront projetées les images choisies par la famille. Côté République française se pose la question du lieu où le chef de l’Etat prendra la parole. Dans l’église ? Inenvisageable.
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« Un chef de l’Etat ne peut s’exprimer dans un lieu religieux en dehors d’une cérémonie œcuménique et encore moins un 9 décembre, journée nationale de la laïcité depuis 2011 », rappelle un membre de son équipe. Macron célébrera le parcours d’un « héros français », au pseudonyme américain et au destin national, à l’extérieur de la Madeleine, à quelques mètres du cercueil. La veille, dans la cour des Invalides, il a rendu hommage à Jean d’Ormesson. Un autre destin qui, dans toute sa splendeur, de l’agrégation de philo à l’Académie, semble ô combien plus solennel et plus sage ! Le doyen de l’Académie française et la star du rock… Celui qui aimait polir les mots, et celui qui les criait. Celui qui aimait les salons, et celui qui faisait le show. En deux jours, ce sont deux visages de la France que le président a salués.