Albert et Delphine dos à dos

Delphine Boël, le 16 février 2017. | © BELGA PHOTO LAURIE DIEFFEMBACQ
Delphine Boël réclame, par le biais de son équipe juridique, un test ADN au roi Albert ainsi qu’à Jacques Boël. La demande sera débattue lors de l’audience de ce jeudi, 26 avril, à la cour d’appel, audience prévue de longue date.
Pour rappel et comme nous l’avons évoqué plusieurs fois dans les pages de Paris Match Belgique, Delphine Boël, avait introduit auprès du tribunal de première instance de Bruxelles une double action, en contestation de paternité vis-à-vis de Jaques Boël, son père légal, d’une part et en quête de paternité vis-à-vis du roi Albert d’autre part.
Après un arrêt favorable de la Cour constitutionnelle, qui remettait l’enfant au cœur du débat, le tribunal de première instance de Bruxelles avait de son côté jugé l’action de Delphine recevable mais non fondée, en estimant que le lien filial entre Jacques Boël et cette dernière (la fameuse possession d’état) était établi, empêchant par là même la contestation en paternité de Jacques Boël, préalable obligatoire à la quête de paternité à l’égard de l’ancien souverain. Delphine a fait appel de cette décision. C’est dans ce contexte que la prochaine audience va se déployer.
« Coïncidence malheureuse »
Marc Uyttendaele, qui compose, avec Alain De Jonge et Yves-Henri Leleu, le team de défense de Delphine, a répondu à nos questions. Il ne faut voir, dit-il, dans la démarche, aucun lien avec l’hospitalisation du Roi. “C’est une coïncidence malheureuse. En mars, le tribunal de première instance a finalement refusé les conséquences de l’arrêt qu’avait rendu la cour constitutionnelle. Celle-ci posait en principe le fait de privilégier les droits de l’enfant. À l’inverse, le tribunal de première instance a négligé le droit de l’enfant au bénéfice d’autres acteurs de l’affaire. Le débat revient donc en appel. Or la cour d’appel a un arriéré tel qu’il n’y a pas de possibilité d’aborder l’affaire dans l’ensemble de ses volets, raison pour laquelle elle a accepté qu’il y ait un débat préalable. »
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Sur le timing interminable de la procédure, il rappelle qu’ “il n’y a rien de neuf dans ce dossier depuis ces dernières semaines mais, dans ce cadre procédural compliqué, la cour d’appel a estimé qu’elle ne pouvait pas permettre un débat définitif sur l’ensemble de l’affaire à bref délai. Elle a accepté en revanche que l’on tienne déjà un débat sur les mesures conservatoires à prendre ou non, donc sur les tests ADN que nous demandons depuis longtemps. L’audience de ce 26 avril a été fixée il y a plusieurs mois. »
Le débat préliminaire aura donc lieu ce jeudi. « C’est un échauffement, une mise en train. À partir de là, on attend de pouvoir évoquer l’ensemble du dossier sur le fond. Il est évident que le dossier en soi suffit déjà à démontrer le bien-fondé de la thèse de Delphine Boël ».
Quête de paternité
Marc Uyttendaele se refuse à évoquer les cas de figure possibles dans un avenir plus ou moins éloigné. Il n’entend pas aborder la question, d’un goût douteux il est vrai, de l’évolution de la santé de l’ancien souverain. « Je ne vais pas entrer dans ce type d’hypothèse. Je ne vais pas faire du judiciaire-fiction. » Il admet par ailleurs que, selon toute logique, « une des particularités de cette affaire est que certains des protagonistes sont âgés, cela ne se concilie pas forcément avec le rythme très lent de la machine judiciaire et cela peut entraîner des ‘péripéties’ de contexte comme celles de l’audience prévue ce jeudi. »
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Quant aux motivations de Delphine, dont elle a témoigné à plusieurs reprises dans ces colonnes, elles sont inchangées. La douleur engendrée par la quête de paternité, les écueils provoqués par ce récit de vie dont elle n’a pas recherché au départ la publicité, et la volonté de protéger ses propres enfants de cette situation digne d’un autre siècle sont toujours présentes. Marc Uyttendaele confirme que les obstacles administratifs que nous avons soulignés il y a longtemps déjà sont toujours présents, ce dans des sphères diverses. « Ma cliente vit tout cela douloureusement car ça a des conséquences quotidiennes dans sa vie, avec des tracasseries en tout genre, sur le plan bancaire notamment. Il y a une sorte de mise à l’index dont elle est à l’occasion victime. »
La crainte de l’héritage
Ces tracasseries n’en finissent pas de rebondir, comme Delphine nous l’a régulièrement confié. « Encore récemment, confirme Marc Uyttendaele, elle a reçu une demande hallucinante émanant d’une banque française où elle a un tout petit compte en banque, avec une petite somme en positif. La banque lui a réclamé une multitude d’infos et de documents comme si elle était suspecte… » Il y a aussi l’annulation d’initiatives artistiques, l’éloignement de certaines manifestations, les bâtons dans les roues posés dans le cadre d’un concours, des invitations d’ambassades qui cessent d’arriver, et autres revers. « Je ne pense pas que l’annulation de ces initiatives trouvent leur origine au Palais mais je pense qu’elles sont parfois le produit de la courtisanerie. »
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Le mari de Delphine, le Texan Jim O’Hare nous a souvent rappelé qu’il trouve à la situation des accents médiévaux. Le couple entend protéger en priorité sa progéniture. « Son propre cas, Delphine peut le supporter », confirme Marc Uyttendaele, « mais elle est terrifiée à l’idée que cette affaire soit transmise héréditairement à ses enfants. C’est une crainte permanente. »