Stéphanie Crayencour : Taillée pour le rire et la joie

"Je pense être à un vrai tournant dans ma carrière". | © Ganaëlle Glume
On ne pouvait rêver meilleure ambassadrice de Knokke que Stéphanie Crayencour, tornade de bonne humeur et d’enthousiasme, dont la vie est jalonnée de souvenirs merveilleux dans cette station où elle a passé bon nombre de ses vacances. Pause-détente avec la délicieuse comédienne belge qui enchaîne les tournages.
Elle nous a emportés dans un tourbillon d’amour et de fantaisie début 2017 dans la comédie Faut pas lui dire de Solange Cicurel. Puis dans Un profil pour deux de Stéphane Robelin. La comédie c’est son credo, sa nourriture, le sel et le sucre de sa vie. Mais ce serait dommage d’oublier que sa voix tendrement acidulée l’a portée vers de jolis cieux musicaux, dans un duo avec Suarez « Juste pour voir » et un album avec Saule en 2011. La trentaine va bien à Stéphanie Crayencour. Confiante et amoureuse, elle est prête pour un nouveau chemin du reste de sa vie…
Paris-Match : Comment vivez-vous cette année 2017 très chargée ?
Séphanie Crayencour : J’ai la chance d’avoir plusieurs gros projets cinéma, notamment en Belgique. J’ai terminé le tournage d’une série de Philippe Lefebvre pour TF1, Les Chamois, avec François Berléand, Isabelle Gélinas, Julie Depardieu, François Vincentelli, Jonathan Lambert… Elle sera diffusée en janvier et on tourne, d’ores et déjà, une deuxième saison début 2018. Nous avons tourné aux Gets, une station très fréquentée par les Belges, tant et si bien que je n’arrêtais pas de croiser des connaissances ! Il s’agit vraiment d’une comédie très drôle, même si mon personnage est plus sombre. Avoir François Berléand et Isabelle Gélinas comme parents à l’écran vous promet de sacrés fous rires. Moi qui suis naturellement portée vers la comédie, j’ai appris énormément en travaillant avec eux. De même pour Jonathan Lambert qui possède un pouvoir de concentration impressionnant. Ils ont chacun leur style et expriment l’humour par de petites choses subtiles qui forcent mon admiration.
La comédie a été le meilleur moyen de me protéger, l’autodérision représente un bon garde-fou.

D’où vous vient cette attirance pour la comédie ?
Même si ça paraît difficile à imaginer aujourd’hui, j’étais une petite fille triste. Faire rire les autres était une libération et un moyen de m’évader. J’avais beaucoup d’amis mais la vie m’apparaissait incohérente et injuste. Hypersensible, je cherchais à tout prix à me sentir aimée. Du coup, très jeune, j’étais prête à tout pour sortir une bonne vanne, je donnais des spectacles à la maison avec mes copines… Ado, j’étais toujours partante pour les fêtes, animée d’une folie qui me permettait de m’échapper. J’ai vécu une période difficile à la maison et c’était tellement bien quand j’arrivais à faire rire ma mère… Ensemble, on regardait Pierre Richard et Louis de Funès. Très tôt, j’ai ressenti que je devais absolument amuser les gens. J’ai beau être une descendante de Marguerite Yourcenar, écrivain brillantissime, il n’y a pas d’artistes dans ma famille et pourtant la scène m’attirait comme un aimant. Pourtant, j’ai une phobie de la scène. Me retrouver à chanter devant des gens me demandait des efforts surhumains. Cet exercice m’a aidé à me dépasser. C‘est drôle comme la vie se charge de vous imposer des défis au bon moment. La musique et l’album sont venus à moi tout simplement parce qu’on me l’a proposé. Et comment refuser un album avec Saule ? Le chant est un outil précieux pour une comédienne, il vous apprend à poser votre voix. Cette période a été un traumatisme positif, une incroyable aventure avec des soirs où j’avais tellement peur de donner un concert que j’étais prête à rembourser les gens pour ne pas monter sur scène !
La voix comme une signature
Votre carrière est jalonnée de très belles rencontres et de gens qui vous ont tendu la main.
J’ai un immense respect pour les musiciens et le fait d’avoir travaillé avec Saule, mais aussi avec Marc et les musiciens de Suarez, a été magique et m’a fait grandir. C’est beaucoup de joie et de partage. Le premier qui m’a fait confiance fut Eric Rohmer. Or, j’ai très mal vécu la sortie du film Les Amours d’Astrée et de Céladon en 2007. J’avais adoré le tourner mais me voir à l’écran a été insupportable, tant et si bien que j’ai refusé de le revoir par la suite. Je suis tombée dessus il y a seulement quelques semaines à la télévision et j’ai ressenti alors une tendresse énorme pour Rohmer, j’avais enfin compris ce qu’il était venu chercher chez moi : une pureté, une naïveté, un manque d’expérience qui me paraissaient ridicules et qui pourtant étaient l’essence même de mon personnage. Heureusement, j’ai pu lui témoigner mon affection avant sa disparition. Et je sais que, désormais, je puiserai dans cette expérience pour retrouver cette pureté à l’écran, sans ce souci d’image qui peut tant pourrir la vie d’une comédienne.
« J’ai fêté le réveillon de l’An 2000 à Knokke, persuadée que la fin du monde arrivait »
Comment prendre le recul nécessaire et faire les bons choix quand on a un physique attrayant ?
Bien que je ne me trouve pas spécialement jolie, on m’a vite proposé des rôles de blonde dénudée, ce que j’ai immédiatement refusé. La comédie a été le meilleur moyen de me protéger, l’autodérision représente un bon garde-fou. Dès que j’ai commencé à attraper certains trucs d’actrice, du genre à vouloir absolument présenter mon meilleur profil, j’ai évité le piège. On peut vite tomber dans la facilité d’accepter des rôles axés sur son physique. Je pense être à un vrai tournant dans ma carrière, j’ai le luxe de pouvoir choisir, après 10 ans de métier.

Pensez-vous revenir un jour à la musique afin d’explorer votre grain de voix si particulier ?
C’est tellement important la voix pour un acteur, une vraie carte de visite. En effet, j’ai envie de continuer à découvrir les possibilités de la mienne. Comme je suis mariée à un producteur, Hhiboux, je compte bien renouer avec la musique mais de l’autre côté de la barrière, avec l’envie de faire découvrir plein de jeunes talents belges. Nous sommes en train de fonder notre label et j’ai déjà reçu des maquettes de gens à la voix super intéressante. Pour ma part, j’attends de rencontrer les bonnes personnes pour passer à un autre registre. J’ai une voix qui colle à des compositions mignonnes, fraîches, un peu trop gentillettes… J’ai envie de compositions plus « dark ».
Quels sont vos souvenirs de vacances, aujourd’hui comme hier ?
À part une semaine à la montagne chez ma maman, et quelques jours dans le Lavandou, je vais passer un été axé sur le boulot puisque les mois qui viennent s’annoncent chargés. Le mot « vacances » évoque pour moi Knokke-Le-Zoute, j’y allais chaque année puisque ma grand-mère y louait une maison. J’y suis allée avec énormément d’amis français et je m’y rends encore très souvent, j’adore cet endroit. J’aimerais beaucoup y tourner un film. Une foule de souvenirs me revient : le cuistax à toute heure de la journée, les magasins de fleurs en papier sur la plage qu’on vendait avec des couteaux, le mini-golf, le festival de feux d’artifice, des fêtes invraisemblables… J’ai même fêté le réveillon de l’An 2000 à Knokke, persuadée que la fin du monde arrivait, face à la mer avec ma meilleure amie, attendant la vague fatidique qui heureusement n’est jamais arrivée ! J’ai vécu mes premiers bisous d’amour derrière les cabines blanches. Mon péché mignon ? Aller écraser une petite moule sur le brise-lames, lieu magique par excellence, et partir à la pêche aux crabes. Et les croquettes aux crevettes !