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Pendant ce temps, la Russie s’entraîne à une guerre totale contre l’OTAN

La Guerre froide pourrait bien être en train de se réchauffer | © Belga / AFP PHOTO / Mladen ANTONOV

Politique

Depuis l’invasion de l’Ukraine par Moscou en 2014, toute coopération est rompue entre la Russie et l’OTAN. Et il semblerait que le Kremlin se prépare au pire, le Chef de la Défense estonienne accusant en effet l’armée russe d’avoir effectué des simulations de guerre totale contre l’OTAN. 

Dans une interview accordée au Bild, Riho Terras, Chef de la Défense en Estonie apporte un éclairage inquiétant sur le Zapad, le grand exercice militaire russe qui s’est tenu en septembre dernier. « Soyons clairs. La Russie a simulé une attaque à grande échelle contre l’OTAN. Il n’était pas seulement dirigé contre les États baltes, car la série d’exercices avait lieu dans une vaste région allant du haut nord à la mer Noire. L’ampleur et la portée de l’ensemble de l’exercice Zapad étaient beaucoup plus importantes que ce qui avait été officiellement rapporté ». Selon l’OTAN, les manoeuvres auraient impliqué 12 700 soldats répartis sur dix terrains différents. Les pays européens frontaliers évoquent quant à eux un chiffre plus proche de 100 000 soldats mobilisés, tandis que la Russie a affirmé avoir déployé pas moins de 70 avions et hélicoptères, 680 unités d’équipement militaires dont 250 tanks, et dix navires.

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Selon Riho Terras, ces manoeuves démontrent avant tout la capacité de la Russie à déployer ses troupes rapidement et efficacement, donnant l’avantage à Moscou en cas de conflit soudain. Une situation qui verrait l’OTAN désavantagée : bien que disposant de plus d’hommes et de plus de moyens, l’Organisation du traité de l’Atlantique nord est en effet à la traine en ce qui concerne l’efficacité tactique. Un déséquilibre rendu évident lors de l’annexion de la Crimée en 2014 et la guerre qui a suivi, les membres de l’OTAN ayant sous-estimé la rapidité de déploiement des forces russes. Depuis, la politique de « toucher les dividendes de la paix », qui avait vu le nombre de commandements de l’OTAN passer de 33 à 7 depuis la Guerre Froide, a été repensée. Notamment, via une présence renforcée aux frontières orientales de la Russie suite à l’insistance des pays baltes. Une politique de dissuasion, qui pose toutefois la question de la véritable capacité d’action. Car si l’OTAN peut s’enorgueillir de compter quatre fois plus de soldats et trois fois plus d’équipement militaire que l’armée russe, les lenteurs bureaucratiques et les lacunes logistiques qui handicapent l’Alliance pourraient en faire une cible vulnérable pour le Kremlin.

Guerre nucléaire

Un scénario catastrophe qui n’est pas sans rappeler celui de 2017 : War with Russia, livre écrit par Sir Richard Shirreff, ancien commandant suprême adjoint des forces de l’OTAN, dont la fiction ne semble aujourd’hui plus si éloignée de la réalité. Dans son livre, Shirreff imaginait les implications d’un potentiel conflit avec la Russie, et mettait en garde, affirmant que « les décision politiques et militaires que nous avons prises et continuons à prendre nous projettent vers un conflit avec la Russie ». Un conflit qui serait susceptible selon lui de commencer par une attaque contre l’Estonie, la Lituanie ou la Lettonie, forçant l’OTAN à intervenir pour défendre ses membres. Et Richard Shirreff d’ajouter que « le plus glaçant, connaissant les capacités de la Russie, c’est de savoir qu’on se trouverait forcément dans le cas d’une guerre nucléaire ». La solution pour l’éviter selon lui ? Que l’OTAN renforce ses positions dans les états baltiques, afin d’envoyer un message clair à la Russie. Une stratégie qui ne semble pas à l’ordre du jour au sein de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord.

Pas de menace

Sur son site internet, l’OTAN souligne en effet que « il y a entre l’OTAN et la Russie des désaccords profonds et persistants. Cela étant, l’Alliance ne cherche pas la confrontation et ne représente pas une menace pour la Russie ». De son côté, Moscou affirme également n’avoir aucune velléité belliqueuse, assurant que les exercices militaires entrepris cet automne n’étaient en rien une préparation à une invasion. Reste que Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’OTAN, se méfie, ayant confié au Deutsche Wirtschafts Nachrichten que « nous devons prendre en considération le fait que nous avons à faire avec une Russie plus confiante en elle-même ». Et d’assurer que « nous ne voulons pas de retour de la « guerre froide » et de la course aux armements mais nous prônons le dialogue politique avec Moscou même si ce n’est pas facile ».

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