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Mike Pence annonce l’ouverture de l’Ambassade américaine à Jérusalem dès 2019

Mike Pence s'est exprimé au Parlement israélien, à Jérusalem, le 22 janvier 2018. | © BELGA/AFP PHOTO/POOL/Ariel Schalit

Politique

Le vice-président américain Mike Pence a annoncé lundi sous un tonnerre d’applaudissements du Parlement israélien que l’ambassade des États-Unis ouvrirait à Jérusalem avant fin 2019, malgré la colère des Palestiniens et la réprobation internationale.

 

Signe de l’émoi et de la division que continue à semer la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël, une douzaine de députés arabes israéliens (sur 120 parlementaires) ont été expulsés dans un grand brouhaha par les gardes de la Knesset à l’ouverture du discours de Mike Pence, quant ils se sont levés pour brandir un tract proclamant que Jérusalem est la capitale de la Palestine.

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La direction palestinienne a rapidement dénoncé le « discours messianique » de Mike Pence, prouvant que « l’administration américaine fait partie du problème et non pas de la solution ». Au même moment, le président palestinien Mahmoud Abbas cherchait à Bruxelles à rallier le soutien européen.

Couvert d’honneurs par les Israéliens, vilipendé par les Palestiniens, Mike Pence est arrivé dimanche soir à Jérusalem pour un séjour de moins de 48 heures placé sous le signe de la décision annoncée le 6 décembre par le président Donald Trump sur Jérusalem.

Une injustice vieille de 70 ans pour Mike Pence

Cette rupture unilatérale avec des décennies de diplomatie américaine et avec le consensus international a provoqué le courroux des Palestiniens et des manifestations dans le monde arabe et musulman. Dix-huit Palestiniens et un Israélien ont été tués dans des violences depuis lors.

Donald Trump a corrigé le 6 décembre « une injustice vieille de 70 ans », a déclaré M. Pence. « Jérusalem est la capitale d’Israël » et le président Trump a ordonné à ce titre de préparer le déménagement de l’ambassade des États-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, a-t-il dit. « L’ambassade des États-Unis ouvrira avant la fin de l’année prochaine » à Jérusalem, a-t-il dit, enchantant les députés israéliens, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et les membres du gouvernement.

Pour les Palestiniens, Trump a atteint le 6 décembre le summum du parti pris pro-israélien affiché au cours de sa première année de pouvoir, et discrédité les États-Unis dans le rôle de médiateur de l’effort de paix. Les dirigeants palestiniens ont décidé de snober M. Pence qui, fait exceptionnel, ne rencontrera aucun d’entre eux au cours de cette ultime étape de sa première tournée dans la région. Elle l’a conduit auparavant en Égypte et en Jordanie.

La paix ne peut venir que par le dialogue.

Pence est un fervent évangéliste américain et passe pour avoir exercé une influence prépondérante sur la décision de M. Trump, largement interprétée comme une concession à cet électorat important pour le président. « Nous pressons fortement la direction palestinienne de revenir à la table » des négociations, a dit Pence dans son allocution truffée de références bibliques et exaltant la création de l’État d’Israël. « La paix ne peut venir que par le dialogue », a-t-il dit.

Au même moment, le président palestinien, en quête de soutien, appelait à Bruxelles les 28 États membres de l’UE, « véritable partenaire et amie », à reconnaître « rapidement » la Palestine comme un État indépendant. Israéliens et Palestiniens n’ont plus eu de négociations depuis 2014 et l’horizon est plus sombre que jamais pour la paix.

Une des questions les plus épineuses du conflit israélo-palestinien

Le statut de Jérusalem est l’une des questions les plus épineuses du conflit israélo-palestinien. Israël qui s’est emparé de Jérusalem-Est par la force en 1967 l’a annexée et proclame toute la ville sa capitale indivisible. L’annexion est illégale pour l’ONU. Les Palestiniens revendiquent Jérusalem-Est comme la capitale de l’État auquel ils aspirent.

Trump a exprimé par le passé sa volonté de présider à l’accord diplomatique « ultime », sur lequel des générations de présidents et de diplomates se sont cassé les dents. M. Pence a réaffirmé l’engagement de Trump en ce sens, y compris si cela passe par la création d’un État palestinien, à condition que les deux parties en sont d’accord.

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Le discours de M. Pence a été une déclaration de soutien inébranlable à Israël, confronté à de multiples menaces dans la région. Il a de nouveau pourfendu l’Iran, grand ennemi d’Israël, et l’accord conclu en 2015 sous l’administration Obama entre les grandes puissances et la République islamique sur les activités nucléaires de cette dernière. Cet accord est un « désastre » et les États-Unis s’en désengageront « immédiatement » s’il n’est pas amendé, a-t-il décidé. Les États-Unis « ne permettront jamais à l’Iran d’acquérir une arme nucléaire », a-t-il encore dit.

Le Premier ministre israélien s’est, lui, répandu en expressions de reconnaissance envers l’administration Trump, laissant entendre qu’Israël n’avait jamais eu de meilleur soutien à la Maison Blanche. « Je parle au nom de presque tout le monde, coalition et opposition réunies, quand je dis la profonde gratitude du peuple d’Israël envers le président Trump et vous-même pour une décision historique que nous n’oublierons jamais », a-t-il dit.

Les organisations palestiniennes ont appelé à la manifestation et à la grève générale ce mardi 23 janvier.

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