Paris Match Belgique

Ces lois absurdes prouvent que la Belgique est le berceau du surréalisme

Il existe en Belgique un arrêté royale "Mayonnaise". | © Blogtrepreneur

Politique

En Belgique, certaines lois pouvaient faire sourire par leur côté absurde, mais existent-elles encore aujourd’hui ?

 

Si « nul n’est censé ignorer la loi », l’Etat belge devrait ajouter à ce célèbre adage une astérisque pour les règles obsolètes, devenues absurdes, que n’importe quel citoyen du plat pays a déjà enfreint au moins une fois dans sa vie. Interdiction de jeter des confettis ou des ordures dans une poubelle publique, certaines lois belges peuvent paraître insolites. En 2013, les sanctions administratives communales (SAC) avaient déjà fait parler d’elles, à tel point que la ministre de l’Intérieur Joëlle Milquet avait demandé aux communes de réviser certaines de ces règles étonnantes. Aujourd’hui, en refaisant un tour du côté du Moniteur belge et des règlements communaux, on peut vérifier si ces drôles de décrets sont toujours d’actualité.

Lire aussi > Petit précis des lois les plus farfelues qui existent aux États-Unis

Le drapeau anticonstitutionnel

Et la première de ces règlementations est certainement la plus surprenante : notre drapeau national n’aurait pas l’apparence qu’on lui donne aujourd’hui. En effet, dans l’article 193 de la Constitution, il est stipulé que « la Nation belge adopte les couleurs rouge, jaune et noire ». Or, il s’avère que durant ces 187 dernières années, nos couleurs ont été inversées. Serait-ce une erreur d’impression ?

Et pourtant, cette faute n’en est pas une. En réalité, si les couleurs sont dans l’autre sens, c’est parce qu’en janvier 1831, le pays voulait « marquer la différence avec l’ancien envahisseur néerlandais et le drapeau a alors été retourné », explique Jogchum Vrielink, enseignant en droit à l’université Saint-Louis, dans des propos rapportés par le Vif. Depuis, malgré le changement de drapeau, la Constitution n’a jamais été modifiée.

La loi « mayo » qui dérange

Et le gouvernement ne s’arrête pas là… En mai 2016, c’est un autre symbole national qui est vandalisé : la mayonnaise. Un arrêté royal « Mayonnaise » a en effet été publié dans le moniteur belge. Le ministre flamand de l’économie et de la consommation, Kris Peeters, s’est attaqué à la préparation de la sauce belge. À notre époque où tout le monde préfère le « light », la mayonnaise fait tâche avec sa teneur en matière grasse trop élevée. Elle a dès lors été abaissée de 80% à 70%. Même les œufs doivent à présent faire un régime avant d’atterrir dans la mayo (de 7,5% à 5% de matière grasse).

Au moment de sa publication, cette loi avait déclenché la stupeur sur les réseaux sociaux. Le ministre de la consommation, redoutant sans doute l’impopularité, a alors préféré adapter légèrement son arrêté. Désormais, le label « mayonnaise traditionnelle », qui indique que la mayonnaise a été préparée selon la recette authentique non-allégée, est autorisé. L’honneur est sauce.

Du « GAS » dans l’air

Du côté des communes flamandes, les règlements sont tout aussi farfelus. Chaque administration possède ses propres Gemeentelijk Administratieve Sancties, les GAS (sanctions administratives communales en français), et certaines d’entre elles ne font pas l’unanimité.

À Deinze et Zult, il était défendu, durant les fêtes de Carnaval, de ramasser des confettis jetés à terre pour les relancer après. En 2015, la ville de Deinze et la municipalité de Zulte ont finalement levé cette interdiction de la police. « Elle n’était réellement bonne que pour les journaux, qui pouvaient s’en réjouir », a expliqué Simon Lagrange, ancien maire de Zulte, des propos rapportés par Het Laatste Nieuws.

©looking4poetry

Interdit de jouer

Dans les communes de Merelbeke, Oosterzele, Melle en Destelbergen (Flandre-orientale), les enfants sont longtemps restés enfermés chez eux. Tout comme on doit tenir son chien en laisse dans la rue, les parents avaient l’interdiction de laisser jouer leurs enfants dans les lieux publics et les espaces privés accessibles au public, de peur de gêner les passants. Les chefs du parti Groen ont cependant demandé à ce que cette sanction administrative soit révoquée.

Lire aussi > Adieu la « taxe tampon », absurdité politique bientôt assumée

On ne rigole pas avec le domaine public

Apparemment, à Ostende, il vaut mieux laisser trainer les crasses par terre plutôt que de les ramasser et les mettre dans un sac poubelle. Un homme a en effet reçu une sanction administrative parce qu’il avait jeté des ordures dans la poubelle publique. Son erreur : un déversement illégal de déchets dans une poubelle de rue. Un choc pour cet homme qui prenait le temps de nettoyer la côte depuis des années.

Lois de la glissade

Même les plaines de jeux aquatiques sont règlementées. Du côté de Termonde, on ne rigole pas avec les « lois de la glissade ». La police veille… Pas question de grimper dans un toboggan à l’envers sous peine de recevoir une amende. Et l’absurdité va même plus loin : si un enfant reste bloqué au centre de la rampe d’eau, et qu’il interrompt ainsi sa descente, la sanction pourrait être terrible : il n’y pas qu’une fessée qui l’attend.

Mots-clés:
insolite loi règles SAC
CIM Internet