Trump a félicité Poutine… contre l’avis de ses conseillers

Donald Trump à la Maison-Blanche, mardi. | © AFP PHOTO / MANDEL NGAN
La presse américaine révèle que Donald Trump a refusé d’écouter ses conseillers et a appelé Vladimir Poutine pour le féliciter de sa réélection, alors même que les Etats-Unis maintiennent des sanctions contre la Russie.
« NE PAS FELICITER ». C’est la mention que portait, en capitales, le dossier remis à Donald Trump par ses conseillers en prévision d’un échange avec le président russe Vladimir Poutine, récemment réélu. Le Washington Post puis le New York Times révèlent que le locataire de la Maison Blanche a refusé de suivre les conseils prodigués par son équipe. Les relations avec la Russie, déjà très compliquées, sont actuellement tendues par l’affaire de l’empoisonnement sur le territoire du Royaume-Uni de l’ancien agent Sergueï Skripal. « Je l’ai félicité pour sa victoire électorale », avait raconté Donald Trump mardi depuis le Bureau ovale. « Nous allons probablement nous rencontrer dans pas trop longtemps », avait-il ajouté. « Ils se sont concentrés sur les sujets d’intérêts communs », avait expliqué la porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Huckabee Sanders. Les articles du Post et du Times confirment que le président américain n’a pas abordé les questions épineuses : il n’a pas suivi la recommandation faite par son équipe de condamner l’attaque contre Sergueï Skripal.
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Le président Trump est apparu réticent à condamner directement les actes de Moscou, quand bien même son administration adopte parfois un ton sévère. La semaine dernière, de nouvelles sanctions ont été décrétées contre des citoyens russes, en lien avec la campagne d’influence et de cyberattaques contre les Etats-Unis. En revanche, le secrétaire d’Etat Rex Tillerson a été remercié par Donald Trump quelques heures après avoir déclaré que l’attaque contre Sergueï Skripal venait « clairement » de Russie.
La Maison Blanche affirme ne pas vouloir se mêler d’élections à l’étranger
L’échange téléphonique entre Trump et Poutine a été vivement critiqué par John McCain, sénateur républicain fréquemment opposé au président. « Un président américain ne dirige pas le Monde libre en félicitant des dictateurs pour leurs victoires dans des élections truquées. En agissant ainsi avec Vladimir Poutine, le président Trump a insulté chaque citoyen russe que l’on a empêché de voter dans une élection libre et équitable », a-t-il écrit sur Twitter.
An American president does not lead the Free World by congratulating dictators on winning sham elections. And by doing so with Vladimir Putin, President Trump insulted every Russian citizen who was denied the right to vote in a free and fair election. https://t.co/lcQTBi7CA1
— John McCain (@SenJohnMcCain) 20 mars 2018
La Maison Blanche n’a pas manqué de pointer que d’autres dirigeants ont également appelé Vladimir Poutine ces derniers jours, dont le président français. Néanmoins, selon le communiqué diffusé par l’Elysée lundi, Emmanuel Macron, s’il a adressé ses « vœux de succès pour la modernisation politique, démocratique, économique et sociale du pays » et « a rappelé son attachement à un dialogue constructif entre la Russie, la France et l’Europe », a bien évoqué certaines questions difficiles : la Syrie, « l’intégrité territoriale de l’Ukraine » et l’affaire Skripal, pour laquelle « le président de la République a appelé les autorités russes à faire toute la lumière sur les responsabilités liées à l’inacceptable attaque de Salisbury, et à reprendre en main fermement d’éventuels programmes qui n’auraient pas été déclarés à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques ».
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L’équipe Trump, selon le Post et le Times, affiche son refus de se mêler des élections dans d’autres pays, alors même que des soupçons pèsent sur les conditions de la réélection de Vladimir Poutine. Une position en rupture avec la tradition diplomatique américaine. En décembre 2011, par exemple, alors qu’elle était secrétaire d’Etat, Hillary Clinton avait dénoncé les conditions des élections parlementaires en Russie. Cette prise de position en faveur d’élections « libres, équitables et transparentes » avait déclenché la fureur de Vladimir Poutine. C’est en partie ce qui aurait motivé la campagne de Moscou pour faire battre Hillary Clinton en 2016.