Après les frappes en Syrie, Trump clame « Mission Accomplie ! »… comme Bush avant lui

Donald Trump à la Maison-Blanche. | © AFP PHOTO / Mandel NGAN
Dans deux tweets matinaux, le président américain Donald Trump a clamé «Mission Accomplie!» Un terme qui n’est pas sans rappeler celui de George W. Bush, prononcé en 2003 après l’invasion en Irak.
Deux mots qui n’ont pas rappelé que des bons souvenirs. Samedi, quelques heures après les frappes aériennes américaines, britanniques et françaises sur des positions du régime de Bachar el-Assad en Syrie, le président américain Donald Trump s’est exprimé via son média favori, son propre compte Twitter. Dans deux messages, il a écrit : « Une frappe parfaitement exécutée hier soir. Merci à la France et au Royaume-Uni pour leur expérience et la force de leur Armée excellente. Nous ne pouvions pas avoir un meilleur résultat. Mission Accomplie ! » Puis : « Tellement fier de notre grande Armée qui sera bientôt, une fois que la provision de milliards de dollars sera validée, la plus excellente que notre Pays ait jamais eu. Il n’y aura rien eu, ni personne, qui s’en approchera ! »
A perfectly executed strike last night. Thank you to France and the United Kingdom for their wisdom and the power of their fine Military. Could not have had a better result. Mission Accomplished!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) April 14, 2018
So proud of our great Military which will soon be, after the spending of billions of fully approved dollars, the finest that our Country has ever had. There won’t be anything, or anyone, even close!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) April 14, 2018
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Ces messages de congratulations après des frappes dont les résultats ont été minimisés par la Russie -selon l’armée russe, 71 des 103 missiles ont été interceptés- ont rappelé à certains un autre président américain qui avait déclaré « mission accomplie » : le 1er mai 2003, ce sont les mots qui avaient été inscrits sur une bannière installée pour accueillir un navire américain de retour d’Irak, où George W. Bush avait prononcé un discours, un mois et demi après le début de l’Opération Liberté irakienne. « L’usage de la force a été et demeure notre dernier recours. Mais chacun sait, allié comme ennemi, que notre nation a une mission : nous répondrons aux menaces faites à notre sécurité et nous défendrons la paix. Notre mission continue, avait déclaré le Texan, arrivé à bord d’un avion de combat, dans un discours retranscrit par CNN à l’époque. Al-Qaïda est blessé, mais pas anéanti. Les cellules dispersées du réseau terroriste continuent à opérer dans de nombreuses nations et nous savons, d’après les renseignements obtenus quotidiennement, qu’ils continuent à comploter contre le peuple libre. La prolifération d’armes mortelles demeure un danger sérieux ».
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Une référence à l’existence d’armes de destruction massive qui avait été utilisée pour justifier le déploiement de forces américaines en Irak, mais qui s’était avérée fausse. Après mai 2003, le conflit irakien ne s’est pas calmé : la situation est encore extrêmement tendue dans le pays, 15 ans après la chute du régime de Saddam Hussein. Même George W. Bush, avec le recul, avait admis que le cri de victoire avait été prématuré : « Ecrire ‘Mission Accomplie’ sur un porte-avion était nettement une erreur », avait-il avoué en 2009, interrogé par Time.

« Nous avons frappé avec succès chaque cible »
Samedi, le Pentagone a évoqué ces frappes pour en vanter le « succès » : « Nous avons frappé avec succès chaque cible », a assuré une porte-parole du ministère de la Défense, Dana White. Elle a ajouté, en réponse à ceux qui reprochaient aux Américains, Britanniques et Français d’être intervenus sans mandat de l’ONU : « Nous ne cherchons pas à intervenir dans le conflit en Syrie mais nous ne pouvons permettre de telles violations des lois internationales » après l’attaque chimique dénoncée à Douma cette semaine, qui aurait fait 40 morts -et dont la Syrie et son allié russe nient la responsabilité, évoquant des « fabrications » des rebelles.
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Selon Kenneth McKenzie, un haut responsable du Pentagone, les frappes qui visaient les installations du programme de développement d’armes chimiques l’ont fortement touché et il « mettra des années à s’en remettre ». Il a également nié les déclarations russes sur l’interception de missiles : « Aucun des avions ou missiles utilisés pendant cette opération n’a été atteint par la défense anti-aérienne syrienne. […] Nous n’avons aucune indication que la défense anti-aérienne russe ait été utilisée ».
Ces frappes seront l’objet de la réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU qui aura lieu ce samedi, convoquée par la Russie.