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Après les propos terribles sur John McCain, le silence de la Maison Blanche

John McCain

John McCain | © Belga / EPA/NYEIN CHAN NAING

Politique

Après les propos désobligeants tenus par une conseillère de la Maison Blanche sur John McCain, démocrates comme républicains ont fait part de leur indignation… mais aucune excuse publique n’a été formulée.

« On s’en fiche, il est mourant » : ces paroles désobligeantes prononcées à la Maison Blanche contre John McCain sont au coeur d’une polémique. Tenus par Kelly Sadler, une conseillère du président, ces propos soulignaient le dédain affiché par l’exécutif à l’égard des convictions du sénateur républicain contre la torture. Depuis, l’administration Trump n’a pas formulé d’excuse publique, pas plus que Sadler, qui l’avait pourtant promis à Meghan McCain, la fille de l’octogénaire atteint d’un cancer du cerveau.

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« Je ne lui ai pas parlé depuis et je suppose que ça n’arrivera jamais », a-t-elle supposé, interrogée par ABC.

Je ne comprends pas dans quel type d’environnement de travail il est acceptable de dire ça, puis de revenir le lendemain et de toujours avoir son emploi.

Meghan McCain

« Les gens se demandaient quand cette administration atteindrait le sommet de l’indécence. C’est arrivé. John McCain est un véritable héros, un homme dont les sacrifices pour ce pays sont inestimables. Il se bat pour survivre et mérite mieux, tellement mieux », l’a soutenu Joe Biden, ancien vice-président et grand ami, dans un communiqué. « Quand on voit la liste des manques de respect envers John et les autres, cette employée n’est pas une exception à la règle, elle en est l’incarnation ».

Dégoûtant à dire

Lindsey Graham, sénateur républicain de Caroline du Sud très proche de McCain, a évoqué le sujet dimanche sur CBS : « C’est assez dégoûtant à dire et si c’était une blague, c’était une mauvaise blague. J’aurais aimé que quelqu’un à la Maison-Blanche dise au pays que c’était inapproprié, que ça ne représentait pas l’administration Trump », a-t-il déclaré. « John McCain peut être critiqué pour toute décision politique qu’il a prise ou pour tout vote qu’il a enregistré, mais c’est un héros américain. Je pense que la plupart des Américains aimeraient voir la Maison Blanche agir mieux dans de telles situations. Ça ne fait pas de mal de bien faire et d’agir en adulte », a-t-il ajouté. « Ceux qui se moquent d’une telle figure ne font que s’humilier eux-mêmes et leurs complices silencieux », a dénoncé Mitt Romney, lui aussi ancien candidat républicain à la présidence, dans un tweet.

John Bolton, le conseiller à la sécurité nationale récemment arrivé à la Maison Blanche, a rendu hommage à John McCain, qui l’avait soutenu lorsqu’il avait été nommé ambassadeur aux Nations unies. « Il l’a fait parce qu’il estimait que j’étais mal traité. Je ne l’oublierai jamais, je lui en serai à jamais reconnaissant, et je souhaite le meilleur à John McCain et sa famille », a-t-il déclaré sur CNN. Mais il a refusé d’appeler à des excuses publiques envers le vétéran, prisonnier de guerre pendant cinq ans et demi au Vietnam : « J’ai dit ce que j’avais à dire », a-t-il estimé.

À la Maison Blanche, tout le monde cherche les mouchards

Outre la mésentente politique et personnelle entre Donald Trump et John McCain, qui a demandé à ce que le président n’assiste pas à son enterrement, cette affaire en dit long sur l’ambiance au sein de la Maison Blanche. Tout en qualifiant la sortie de Kelly Sadler d’« inacceptable », la porte-parole Sarah Huckabee Sanders a critiqué avec plus d’insistance le fait que le dérapage ait été rendu public, au détriment de « tout ce qu’on essaie d’accomplir pour le peuple américain ». « C’était évidemment fait par quelqu’un qui essaie de lui nuire », a expliqué une source anonyme au sein de la Maison Blanche à ABC News. «Personne ne condamne la remarque. Le message aux équipes est : la faire fuiter à la presse n’est pas la bonne façon de faire», a complété un autre indiscret auprès d’Axios.

Depuis l’investiture de Donald Trump, certains employés utilisent la fuite d’informations compromettantes dans la presse pour des règlements de comptes  en interne, comme le racontait Michael Wolff dans le son livre à succès Le Feu et la fureur (éd. Robert Laffont) : « Dès la deuxième semaine de la présidence Trump, tout le monde à la Maison Blanche semblait tenir sa liste de mouchards potentiels et faisait tout pour faire fuiter avant d’être la victime de fuites. […] Tout le monde était potentiellement un mouchard, tout le monde accusait quelqu’un d’autre d’en être un ».

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