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Le nouveau président catalan accusé de racisme et de xénophobie

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Quim Torra. | © AFP PHOTO / Tobias SCHWARZ

Politique

À peine élu, le nouveau président catalan Quim Torra est déjà critiqué par des groupes anti-racisme pour avoir tenu dans le passé des propos « dangereux » et « irresponsables » contre les Espagnols, les comparant à des « bêtes à l’apparence humaine ».

Séparatiste convaincu, Quim Torra a été élu lundi 14 mai président de Catalogne, poste occupé par Carles Puigdemont jusqu’à la mise sous tutelle de la région après sa déclaration (unilatérale) d’indépendance en octobre 2017. « Nous serons fidèles au mandat du référendum d’autodétermination du 1er octobre : construire un Etat indépendant, une République », promettait l’avocat de formation avant le vote.

Considéré par ses opposants de droite de « sectaire », « radical » ou encore « antiespagnol », selon Le Monde, Quim Torra ne semble pas vouloir apaiser les tensions politiques en Espagne. Au lendemain de son élection, des propos tenus et écrits ces dernières années sont ressortis dans la presse espagnole, justifiant l’inquiétude de l’association SOS Racisme. « Nous rejetons les propos que Monsieur Torra a tenus de façon répétée. Un discours dangereux, irresponsable et inacceptable, basé sur les préjugés », a dénoncé l’association dans un communiqué, cité par nos confrères de La Libre.

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« Des bêtes avec une forme humaine »

Plusieurs anciens tweets, supprimés depuis mais exhumés par la presse, ainsi qu’un article écrit pour le journal El Món ont créé la polémique, ses détracteurs l’accusant même de xénophobie. Dans cet article écrit en 2012, Quim Torra y comparait les Espagnols à des « hyènes », des « charognards » ou encore des « vipères ». Il ira même plus loin. Selon lui, ceux qui ne s’engagent pas pour la défense de la culture et de la langue catalanes sont des « bêtes avec une forme humaine qui déversent la haine. Une haine perturbée et nauséeuse, comme de fausses dents pleines de moisissure, contre tout ce qui est synonyme de langage », écrit-il dans l’article. « Ils sont parmi nous, ils sont dégoûtés par l’expression du catalanisme. C’est une phobie maladive. Il y a quelque chose de freudien dans ces bêtes, ou un petit problème dans leur ADN ».

« Les Espagnols viennent ici pour nous surveiller. Qu’ils s’en aillent une fois pour toutes ! » tweetait-il également en 2012.

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Kay Nietfeld/dpa

Discours de haine

Ses rivaux affirment que ces propos démontrent une forme de nationalisme « xénophobe », « suprémaciste » et « discriminatoire », selon le site espagnol The Local. SOS Racisme s’est déclaré « en alerte (…) pour dénoncer et contre-argumenter les prises de position racistes qui, alliées aux pratiques discriminatoires et à un discours de haine, pourraient porter atteinte à la cohabitation et à la cohésion sociale » dans cette région de 7,5 millions d’habitants, dont la plupart parlent à la fois le catalan et l’espagnol et dont beaucoup sont originaires d’autres régions d’Espagne.

Quim Torra s’est récemment excusé pour une série de tweets racistes. « Si quelqu’un a été offensé par eux, je m’excuse parce que ce n’était pas mon intention », a-t-il déclaré. Devant le parlement, il a assuré que « cela ne se reproduira plus« . Ces déclarations, bien que passées et excusées, pourraient tout de même nuire au mouvement séparatiste catalan qui s’est toujours efforcé de se distinguer des nationalismes radicaux et xénophobes apparus ailleurs en Europe.

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