Donald Trump s’en prend (encore une fois) à son ministre de la Justice

Donald Trump, les bras croisés, face à Jeff Sessions. | © DPA/Oliver Contreras / Pool via CNP
Dans un tweet, Donald Trump a reproché à son ministre de la Justice Jeff Sessions la mise en examen de deux élus républicains.
« Bon boulot, Jeff ». Une ironie qui en dit long sur la colère du président américain. Lundi, Donald Trump a vilipendé son ministre de la Justice Jeff Sessions, après la mise en examen de Duncan Hunter et Chris Collins, deux élus républicains récemment mis en examen pour deux affaires qui risqueraient de porter préjudice à leurs candidatures pour les élections cruciales de novembre prochain. « Deux enquêtes au long cours, datant de l’époque Obama, sur deux Elus Républicains très populaires ont débouché sur des mises en examen très médiatisées, juste avant les Elections de Mi-Mandat, par le Département de la Justice de Jeff Sessions. Deux victoires faciles remises en cause car il n’y a pas assez de temps. Bon boulot Jeff…..», a écrit dans un premier tweet le milliardaire.
Two long running, Obama era, investigations of two very popular Republican Congressmen were brought to a well publicized charge, just ahead of the Mid-Terms, by the Jeff Sessions Justice Department. Two easy wins now in doubt because there is not enough time. Good job Jeff……
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) September 3, 2018
« Les Démocrates, dont aucun n’a voté pour Jeff Sessions, doivent l’adorer maintenant. La même chose avec le Menteur James Comey. Les Démocrates le détestaient tous, le voulaient viré, le pensaient dégoûtants -JUSQU’A CE QUE JE LE VIRE ! Il est immédiatement devenu un homme formidable, une vraie figure de saint. Tellement malsain ! », a-t-il ajouté.
….The Democrats, none of whom voted for Jeff Sessions, must love him now. Same thing with Lyin’ James Comey. The Dems all hated him, wanted him out, thought he was disgusting – UNTIL I FIRED HIM! Immediately he became a wonderful man, a saint like figure in fact. Really sick!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) September 3, 2018
Des élections à haut risque pour Trump
Les candidatures des deux élus du Congrès sont en effet à risque. Duncan Hunter, candidat républicain du comté de San Diego (Californie), a été mis en examen, avec sa femme, pour fraude fiscal et violation des lois sur le financement de campagne. Chris Collins, élu de l’Etat de New York, a suspendu sa candidature après avoir été mis en examen pour délit d’initié et mensonges au FBI.
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Même si ces deux sièges ne seraient pas particulièrement en danger (Hunter récolterait 54,3% des voix, Stefan Mychajliw, le remplaçant de Collins, 51,5% des voix, selon FiveThirtyEight), ils montrent bien la fébrilité de Donald Trump à l’approche des élections car, selon le baromètre de FiveThirtyEight, les démocrates ont 80,3% de chance de contrôler la Chambre des représentants. Un danger pour les réformes voulues par Donald Trump, mais aussi pour les risques que poseraient des convocations devant les Commissions de la Chambre, notamment sur l’enquête russe et les soupçons d’obstruction.
Passes d’arme entre le président et son ministre
Les tensions entre Donald Trump et Jeff Sessions datent des premiers mois de l’administration Trump, lorsque le ministre s’est récusé dans l’affaire russe, laissant toute décision la concernant aux mains de son adjoint, Rod Rosenstein. C’est lui qui, après le renvoi du directeur du FBI James Comey, a demandé la nomination d’un procureur spécial, provoquant la colère du président américain et des accusations de « trahison » de sa part.

Fin août, le président était revenu sur cette décision dans une interview pour Fox News, ne cachant pas sa déception envers celui qui avait été un des premiers à le soutenir : « Il a accepté le poste et après il a dit : ‘Je vais me récuser’. J’ai dit : ‘Mais quel genre d’homme est-il ?’ » Cette déclaration avait entraîné une première réponse de Sessions, qui s’était auparavant fait discret après avoir été attaqué : « Tant que je suis ministre de la Justice, les actions du ministère de la Justice ne seront pas influencées de manière inappropriée par des considérations politiques ».
Là encore, Donald Trump s’était saisi de son compte Twitter pour régler ses comptes avec son ministre, qu’il avait jugé par le passé «très faible» vis à vis de l’affaire Clinton : « ‘Le ministère de la Justice ne sera pas influencé de manière inappropriée par des considérations politiques’. Jeff, c’est SUPER, tout le monde veut ça, alors regarde la corruption de l »autre bord’ y compris les emails supprimés, les mensonges et les fuites de Comey, les conflits d’intérêts de Mueller, McCabe, Strzok, Page, Ohr… »
“Department of Justice will not be improperly influenced by political considerations.” Jeff, this is GREAT, what everyone wants, so look into all of the corruption on the “other side” including deleted Emails, Comey lies & leaks, Mueller conflicts, McCabe, Strzok, Page, Ohr……
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) August 24, 2018