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Le rouge à lèvres, nouveau symbole de résistance au Nicaragua

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#soypicorojo | © EFE/Jorge Torres

Politique

Alors que quelque 500 personnes opposées au régime de Daniel Ortega sont derrière les barreaux, les opposantes au président nicaraguayen ont choisi le rouge à lèvres comme instrument de protestion.

L’idée a été lancée lorsque la sociologue, journaliste et militante féministe Marlen Chow a été arrêtée dimanche dernier : elle s’était maquillée soigneusement et avait ensuite passé son bâton de rouge à lèvres à ses codétenues en les encourageant à se faire belles pour l’interrogatoire. « Je suis membre de l’Association des Femmes au Bec Rouge », a-t-elle ensuite répondu ironiquement aux policiers qui lui demandaient à quelle organisation elle appartenait.

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La réponse a un peu « déstabilisé » ses interrogateurs, a raconté ensuite l’ancienne militante contre la dictature d’Anastasio Somoza, dans les années 1970. Aujourd’hui âgée de 70 ans, elle figurait parmi les 38 personnes arrêtées dimanche pour empêcher une manifestation de l’opposition au président Ortega.

Les policiers ont ainsi été confrontés à toutes ces opposantes aux lèvres soigneusement maquillées : « qu’est-ce qu’ils pouvaient bien nous faire pour ça ? », a commenté avec amusement la vieille militante, libérée dès dimanche avec sept autres co-détenues. Les trente autres personnes arrêtées dimanche ont été libérées lundi soir après un concert de protestations internationales.

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500 opposants emprisonnés

L’anecdote a fait florès sur les réseaux sociaux, inondés par des photos de femmes, et même d’hommes, exhibant des lèvres ardentes en signe de ralliement des opposants au régime. Ce nouvel instrument de protestation s’accompagne d’un slogan #soypicorojo (j’ai le bec – les lèvres – rouge) pour réclamer la libération des quelque 500 opposants emprisonnés, selon le décompte d’organisations de défense des droits de l’homme.

« #SoyPicoRojo parce que nous ne pouvons pas continuer à faire taire les injustices, car il ne peut y avoir de prisonniers politiques, parce qu’ils ne peuvent pas faire taire notre force ou notre détermination face aux balles et qu’ils ne doivent pas continuer à accepter les abus et les violations contre les femmes au #SOSNicaragua« , a écrit le chanteur nicaraguayen Luis Enrique sur Twitter.

« Car d’où vous êtes, votre combat est le combat de tous. Ils ne sont ni seuls, ni seules ! Pour toutes et tous les prisonniers politiques. Le Nicaragua sera libre ! », écrit une autre internaute, suivie par d’autres qui se joignent « à la protestation créative des femmes nicaraguayennes qui ont affronté le régime avec tant de courage ! ». 

L’étudiante belgo-nicaraguayenne Amaya Eva Coppens, 23 ans, est incarcérée depuis le 10 septembre dernier à Leon (nord-ouest du Nicaragua) après des actions de protestation contre le régime de Daniel Ortega. L’organisation de défense des droits humains Amnesty International réclame la libération de cette dirigeante du Mouvement étudiant du 19-Avril, formé lors des manifestations contre le gouvernement.

Avec Belga

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