2 750 demandes d’asiles en octobre en Belgique : Peut-on parler de « crise » ?

Il est possible que l'on voie d’ici les prochains mois le flux de demandes d'asile diminuer drastiquement en Belgique. | © BELGA PHOTO THIERRY ROGE
Ce jeudi 15 novembre, Theo Francken s’est montré particulièrement alarmant sur l’augmentation du nombre demandes d’asile sur le territoire. Détaillant que 2 750 demandes avaient été enregistrées en octobre – 400 de plus qu’au mois de septembre – il a dénoncé une situation de « crise ». Or, selon Myria, le Centre fédéral Migration, « il y a lieu de nuancer ces propos ».
« Nous sommes en crise », a déclaré ce jeudi 15 novembre le secrétaire d’État à l’asile et à la migration dans les colonnes du Laatste Nieuws. Appuyant ses dires avec le fait que 2 750 personnes ont introduit une demande d’asile en Belgique en octobre, soit 400 de plus qu’au mois de septembre. S’il reconnaît qu’un pic en été est courant, Théo Francken s’inquiète alors de la continuation de ce dernier jusqu’en octobre, ainsi que de la hausse de 54% des demandes d’asile par rapport à octobre 2017. Pour ce dernier, ces chiffres soulignent l’importance de prendre des mesures « pour rendre notre pays moins attractif ». Myria estime que cette conclusion est un peu rapide, et qu’il est nécessaire de remettre ces chiffres dans un contexte plus global.
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Fluctuations courantes

Premier point, selon Myria : les fluctuations sont courantes : « Effectivement, on observe une augmentation ces derniers mois. Mais il faut vraiment recadrer ça dans contexte plus global par rapport aux années antérieures et par rapport aux autres pays européens. Il n’y a pas lieu de s’alarmer en parlant de crise migratoire ou en faisant l’analogie avec 2015 alors qu’on en est loin, vous le voyez dans les graphes ». Pointant les données éclairantes de l’Allemagne (graphe ci-dessous), où l’on observe des variations importantes, le Centre fédéral Migration considère qu’il est « tout à fait possible » que l’on voie d’ici les prochains mois le flux de demandes d’asile diminuer en Belgique également.
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En conclusion : il n’y a pas encore lieu de s’alarmer, ni de faire une analogie avec l’attractivité de la Belgique : « ce que l’on observe en Allemagne, c’est par exemple une diminution du flux entre le mois de juillet et le mois d’octobre (…) Quand on regarde le reste de la courbe, on voit que ce sont des éléments qui fluctuent fortement et qui ne sont pas stables, linéaires dans le temps. On n’a pas d’explications sur chaque petit sursaut », souligne Myria.

« Crise de la migration »
Myria considère également que le terme de « crise » doit être utilisé avec prudence : « il est préférable de parler de « pic » dans l’afflux des demandes d’asile ». Pour l’institution, ce qui doit être pointé, c’est la « crise de l’accueil ». La situation de « crise », en 2015 renvoie effectivement à une situation d’urgence lors de laquelle chaque mois, le nombre de demandes d’asile doublait et qu’en conséquences, Fedasil n’était plus en mesure d’accueillir tous ceux qui en faisaient la demande. À l’époque, des mesures telles que la limitation du nombre d’enregistrement des demandes d’asile par l’Office des étrangers a été utilisée comme outil pour ne pas engorger le réseau d’accueil de Fedasil. « C’est peut-être l’amorce d’un nouveau pic, ça l’avenir nous le dira mais c’est vraiment prématuré de le dire aujourd’hui. Il faut attendre d’avoir un peu plus de recul par rapport à ça pour pouvoir le dire ».
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Mais si ces chiffres ne renvoient à aucune crise, il est important qu’ils soient pris en compte par les politiques en matière d’accueil. De nombreux centres d’accueil ont été fermés lorsque le flux de demandes s’est tari. « Et du coup quand il y a une légère hausse, ça a une implication, notamment en termes de capacité d’accueil », conclut Myria.