Paris Match Belgique

L’émissaire américain pour la coalition antijihadistes démissionne, Trump dit « ne pas le connaître »

Brett McGurk

Image d'illustration. Brett McGurk, photographié lors d'une réunion entre le ministre des Affaires étrangères belge le vendredi 13 mai 2016 au Palais d'Egmont à Bruxelles. | © BELGA PHOTO LAURIE DIEFFEMBACQ

Politique

Brett McGurk, l’émissaire américain pour la coalition antijihadistes, a démissionné en réponse à l’annonce du retrait des troupes américaines en Syrie.

D’après un article de Paris Match France de Kahina Sekkai

Une décision, deux démissions (pour l’instant). Brett McGurk, l’émissaire américain pour la coalition antijihadistes, a annoncé qu’il démissionnait, quelques jours après que Donald Trump a annoncé le retrait des forces américaines en Syrie, estimant que l’EI a été vaincu. Il avait prévu de quitter son poste en février prochain, assure NBC News, mais a avancé sa démission car il estime que la décision du président américain est dangereuse, en particulier pour les Kurdes, soutenus jusqu’ici par les Etats-Unis, qui seront désormais encore plus vulnérables face à une attaque de la Turquie, qui leur reproche leurs liens avec le PKK. Cette décision « a laissé nos partenaires de la coalition troublés et nos partenaires dans les combats désemparés », avait écrit Brett McGurk dans un message envoyé à ses collègues, que s’est procuré le New York Times. « Je me suis employé cette semaine à essayer de gérer certaines retombées, mais j’ai finalement conclu que je ne pouvais appliquer ces nouvelles instructions et maintenir mon intégrité ». Quelques jours avant l’annonce de Donald Trump, Brett McGurk avait déclaré : « Personne ne déclare mission accomplie. Nous avons bien entendu appris beaucoup de leçons dans le passé, donc nous savons qu’une fois que les territoires sont libérés, on ne peut pas simplement plier bagage et partir ».

Donald Trump
Jim WATSON / AFP

Lire aussi > Pourquoi Donald Trump passera les fêtes à Washington

Le président américain a réagi à ce nouveau départ sur son compte Twitter, écrivant : « Brett McGurk, que je ne connais pas, a été nommé par le Président Obama en 2015. Devait partir en Février mais vient de démissionner avant de partir. Pour la galerie? Les Fake News font un grand sujet de ce rien ! » Donald Trump a suivi ce tweet d’un autre : « Si quelqu’un d’autre que votre Président préféré, Donald J. Trump, avait annoncé que, après avoir décimé l’EI en Syrie, nous allions rapatrier nos troupes à la maison (heureuses & en bonne santé), cette personne aurait été le héros le plus populaire d’Amérique. Alors que moi, je me fais critiquer de toutes parts par les Médias Fake News. Fou ! »

Les alliés sont très importants -mais pas quand ils profitent des Etats-Unis.

Avant Brett McGurk, c’est le secrétaire à la Défense James Mattis qui a annoncé sa démission, « un départ en retraite » d’après Donald Trump, en réponse à cette même décision. « Quand le Président Obama a viré avec déshonneur Jim Mattis, je lui ai donné une second chance. Certains disaient que je n’aurais pas dû, je pensais que je devais. Une relation intéressante -mais j’ai aussi donné toutes les ressources qu’il n’a jamais vraiment eues. Les alliés sont très importants -mais pas quand ils profitent des Etats-Unis », a écrit le président américain samedi soir, après avoir assuré qu’il ne quittait pas la Maison-Blanche pour aller en Floride à cause du «shutdown» démarré samedi matin.

Lors d’un appel passé la semaine dernière au président turc Recep Tayyip Erdogan, Donald Trump a évoqué la situation en Syrie, assurant : « Vous savez quoi? Elle est à vous. Je m’en vais », rapporte le Washington Post. Après cette déclaration qu’il n’avait pas évoquée avec ses conseillers, le Congrès ou même le Pentagone, son entourage a tenté de faire changer d’avis le président, mais il a été inflexible à l’égard de ce qui était une de ses promesses de campagne. Depuis le début, le milliardaire assure qu’il compte retirer toutes les troupes américaines de terrains qui ne rapportent pas assez d’argent. La prochaine étape serait pour lui le retrait des soldats américains en Afghanistan, où 14 000 militaires se trouvent depuis 17 ans, après les attentats du 11-Septembre, mais sans qu’ils ne puissent clamer victoire. En 2017, alors qu’il voulait le rapatriement des troupes, Donald Trump avait finalement concédé à renforcer leur nombre.

CIM Internet