Syrie : Macron fait la leçon à Trump

« Etre allié, c’est combattre épaule contre épaule », | © Ludovic MARIN / AFP
Lors de sa conférence de presse donnée depuis le Tchad, Emmanuel Macron a critiqué la décision de Donald Trump de retirer les troupes américaines de Syrie.
D’après un article de Paris Match France de Eric Hacquemand, envoyé spécial au Tchad
C’est le petit cadeau de Noël d’Emmanuel Macron à Donald Trump. Profitant de son voyage au Tchad, le chef de l’Etat n’a pas hésité ce dimanche après-midi à attaquer son homologue de la Maison-Blanche à propos de la décision américaine de retirer ses troupes engagées en Syrie. Un retrait décidé de façon unilatérale et annoncé il y a quelques jours par le président américain. « Je regrette très profondément la décision prise en Syrie », déclare sans détours le chef de l’Etat lors d’une conférence de presse au palais présidentiel tchadien. « Etre allié, c’est combattre épaule contre épaule », estime Macron, qui jamais ne cite nommément Donald Trump. Mais il lui fait bien la leçon : « Un allié se doit d’être fiable », abonde le président.
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Le chef de l’Etat érige ainsi en exemple à suivre le général James Mattis qui a démissionné du Pentagone suite au choix de quitter la Syrie. « Je veux ici rendre hommage au général Mattis et aux propos qui ont accompagné sa décision », affirme Macron. Dans une lettre, ce militaire respecté avait insisté sur la nécessité pour les Etats-Unis de « traiter les alliés avec respect ». « Depuis un an, nous avons constaté comment il a été un interlocuteur fiable », poursuit Macron. Ces propos sont tenus au côté d’Idriss Deby. Tout un symbole…
« Nous continuerons à être engagés à vos côtés dans la durée », promet Macron
Allié de longue date de Paris, le président tchadien est considéré par le chef de l’Etat comme « un partenaire de premier ordre » dans la lutte contre les bandes djihadistes dans la fameuse bande sahelo-saharienne. A contrario du comportement de Donald Trump à l’égard de ses alliés, Macron assure que la France n’a pas l’intention de lâcher ce précieux partenaire confronté à une multitude de menaces sécuritaires à ses frontières. Samedi, le président avait visité la base française de Kossei, à quelques kilomètres de N’Djamena, considérée comme le « centre névralgique » de l’opération Barkhane lancée en 2014 contre les groupuscules terroristes de la région. A cette occasion, le chef des armées avait loué « la coopération avec les alliés » régionaux mais aussi européens (espagnols, allemands etc.).
« Nous continuerons à être engagés à vos côtés dans la durée », promet-il ainsi à Idriss Déby. Quoiqu’il en coûte. Notamment sur le plan budgétaire. Alors que le gouvernement cherche des solutions pour financer les mesures destinées à calmer la fronde sociale, le chef de l’Etat s’est voulu catégorique : « Il n’y aura pas d’économie sur la défense et les armées », tranche t-il. Votée l’an dernier, la loi de programmation militaire (LPM) sera appliquée « à l’euro près ». « Nous le devons à nos soldats, à nos concitoyens, aujourd’hui et demain », conclut le chef de l’Etat.