François Fillon : « Je vais mettre en cause le président de la République »

François Fillon sur le plateau de "L'Émission politique". | © BELGA/AFP PHOTO/THOMAS SAMSON
Interrogé dans L’Émission politique de France 2, le candidat de la droite François Fillon est longuement revenu sur les affaires dans lesquelles il est impliqué. Et a accusé le président de la République François Hollande d’être à l’origine de celles-ci.
À un mois de l’élection présidentielle, le candidat de la droite François Fillon est toujours englué dans les affaires et les sondages. Distancé par Emmanuel Macron et Marine Le Pen dans les intentions de vote au premier tour selon notre sondage de la présidentielle en temps réel, réalisé par l’Ifop pour Paris Match, Fiducial, CNews et Sud Radio, l’ancien Premier ministre s’est longuement défendu. Il a d’abord évoqué le calendrier : « tout d’un coup, deux mois avant l’élection présidentielle, je deviens un homme sulfureux, osons le dire, corrompu. Cette image me blesse et m’a fait souvent penser à Pierre Bérégovoy (ancien Premier ministre de gauche qui s’est suicidé après avoir été impliqué dans une affaire de corruption, Nldr) ».
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Mis en examen, François Fillon est persuadé que la justice établira son innocence. « J’ai apporté la preuve à travers des témoignages, des documents qu’elle (sa femme Penelope, Ndlr) travaillait à (ses) côtés », a-t-il déclaré.
Deuxième point : le rôle qu’il a joué dans sa société 2F Conseils. « Oui, je l’assume, depuis 2012, je fais des conférences dans le monde, j’ai une société de conseils, je voulais avoir une activité professionnelle, je la revendique », a-t-il expliqué, mais non, selon lui, il n’est pas intervenu auprès de Vladimir Poutine pour que ce dernier rencontre un homme d’affaires libanais. « C’est un mensonge éhonté. C’est juste une insinuation dans l’article », a-t-il proclamé, l’œil noir.
« J’ai eu tort »
En revanche, François Fillon a fait amende honorable sur le don de trois costumes de luxe par Robert Bourgi. « On me reproche d’avoir accepté un cadeau, d’un très vieil ami, qui a beaucoup servi notre pays, la France. Il me les a offert dans une relation privée sans la moindre contrepartie des costumes. J’ai eu tort, j’ai choqué beaucoup de gens. Je lui ai rendus », a-t-il expliqué.
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Je vais mettre en cause le président de la République.
Pour le vainqueur de la primaire de la droite, c’est une certitude : le président de la République française est directement impliqué. « Des journaux reçoivent des documents 48 heures après des perquisitions », a-t-il rappelé, avant d’ajouter : « Je vais mettre en cause le président de la République ». Pour ajouter du poids à ses dires, François Fillon a cité le livre des journalistes d’investigation au Canard enchaîné, Didier Hassoux, Christophe Labbé et Olivia Recasens, « Bienvenue Place Beauvau, Police : les secrets inavouables d’un quinquennat » aux éditions Robert Laffont.
François Hollande « condamne avec la plus grande fermeté les allégations mensongères » de François Fillon
« C’est un livre sur le ministère de l’Intérieur et la place Beauveau, qui, en 250 pages, explique que François Hollande fait remonter toutes les écoutes judiciaires qui l’intéressent à son bureau, ce qui est d’une illégalité totale, comment il est branché directement sur Bercy, sur Tracfin, sur les informations qui lui sont apportées en permanence, comment il est au courant des moindres faits, des moindres filatures, y compris concernant son ancien Premier ministre Manuel Valls », a-t-il expliqué. « Si ce qui est écrit dans ce livre est vrai, je pense que dans l’histoire récente de la Ve République, un chef d’État n’est jamais aussi loin dans l’illégalité, la prise de pouvoir sur des services sur lesquels il ne devrait pas avoir autorité », a-t-il également affirmé.
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Le candidat est persuadé de l’existence d’un cabinet noir qui voulait détruire la seule « candidature de l’alternance ». « Moi, ce soir, solennellement, je demande qu’il y ait une enquête d’ouverte sur les allégations qui sont portées dans ce livre, parce que c’est un scandale d’État », a-t-il conclu.
Dans un communiqué transmis à l’AFP, François Hollande « condamne avec la plus grande fermeté les allégations mensongères » de François Fillon, qui apportent « un trouble insupportable » à la campagne présidentielle. « L’exécutif n’est jamais intervenu dans aucune procédure judiciaire », a ajouté l’Élysée, assurant que « sur les affaires particulièrement graves concernant M. Fillon, (…) le président de la République n’en a été informé que par la presse ».
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