Campagne élections 2019 : « Il faut arrêter de raser gratis et de prendre les gens pour des cons ! »

Le président du cdH, Maxime Prevot, a donc décidé de pousser les cordes vocales... Dans sa ligne de mire, le PS ! | © BELGA PHOTO NICOLAS MAETERLINCK
Dernière ligne droite avant le scrutin. Comme les chanteurs, les cadors chauffent la voix. Ils lancent ou changent le tempo avant la grande symphonie.
Un parti doit remplir trois conditions pour gagner la campagne : 1) une organisation efficace, 2) un discours singulier, et 3) un chef. Un vrai chef de meute qui sait donner de la voix. Dans la meute, il veillera néanmoins à ce que certains brillent aussi. Sinon l’essoufflement risque de casser la corde qui transmet le message cristallin.
Ecolo constitue le seul parti à ne pas vraiment répondre à ces critères. Non pas que l’organisation souffre d’une absence de ces trois piliers. Au contraire. Le boulot est bien fait. La rue parle et agite les consciences pour les verts. Au lieu de gérer l’occupation de l’espace médiatique et politique, les coprésidents continuent à manager le risque : ne pas faire d’erreur. Ils sont donc simplement devenus une chambre d’écho des jeunes soucieux de l’avenir climatique.
La voix, le discours, l’organisation des manifestants du jeudi se sont comme substitués à l’organisation politique écologiste. Il n’y a qu’à laisser dire, laisser faire et laisser voter. L’état-major veille à ne pas réaliser l’interview de trop. Discrétion à peine relative. Phénomène très rare en politique. Pour les autres, l’histoire se révèle bien plus compliquée.
La voix des ténors se fait entendre
Le MR ne sait plus très bien où donner de la tête. La désertion d’Alain Destexhe continue, plus que prévu, à agiter les consciences. La preuve ? Cette déclaration de Denis Ducarme et Georges-Louis Bouchez : « Alain Destexhe fait les poubelles de tous les partis. » Nous voilà dans l’affrontement classique… mais le divorce continue à occuper les esprits. D’autant que certaines recrues de l’ancien MR affichent des parcours d’extrême droite caractérisée. Lorsque le ministre de l’Agriculture et le porte-parole de campagne assurent que leur parti « n’est pas moins à droite que lui », les libéraux sociaux sont chatouillés dans leur ADN.

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Des bleus se demandent même si tout cela ne sent pas déjà le grand gâchis. Si Destexhe gagne quelques pour cent des suffrages à la marge, la perte sera sèche pour le parti. Bisbrouilles, ambitions personnelles, mouvements de clans, Charles Michel va devoir déployer un organe de stentor. Pour l’heure, la voix des libéraux reste peu audible, peu puissante et peu retentissante.
Maxime Prévot a sans nul doute eu la même perception en analysant la situation de son parti. Le président du cdH a donc décidé de pousser les cordes vocales : « Il faut arrêter de raser gratis et de prendre les gens pour des cons ! » Ça claque. Dans la ligne de mire, le PS, évidemment, qui a trouvé, avec sa gratuité quelque peu généralisée, un véritable tampon de campagne. Prévot dézingue Marie-Christine Marghem (MR), « la plus mauvais ministre de l’Energie de tous les temps ». Une claque à gauche, une claque à droite, du parfait centrisme. Pour les propositions ? En finir avec la pauvreté infantile, et une révolution fiscale en faveur, entre autres, des classes moyennes. Un coup à gauche, un coup à droite. Voici le mantra cdH.