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L’État de Géorgie, la nouvelle victime de la vague anti-avortement aux États-Unis

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"Cette loi met à rude épreuve la santé et le bien-être des femmes de Géorgie", dénonce ses détracteurs. | © Unsplash/Andrej Lisakov

Politique

Ce mardi, l’État américian de Géorgie a adopté une loi extrêmement restrictive sur l’avortement. 

Une nouvelle étape dans la bataille contre le droit à l’avortement menée par les Républicains aux États-Unis. Après le Mississipi, le Kentucky et l’Ohio, un quatrième État américain vient d’adopter une loi restrictive en la matière. Le gouverneur de Géorgie Brian Kemp a signé mardi le projet de loi qui interdit aux femmes de cet Etat conservateur du Sud des États-Unis l’interruption volontaire de grossesse dès que les battements de coeur du foetus peuvent être détectés. Le texte nommé « Heartbeat bill » revient à « supprimer purement et simplement le droit à l’avortement », selon ses détracteurs, puisque le battement de coeur est généralement entendu à la sixième semaine de grossesse, lorsque la plupart des femmes ignorent encore être enceintes. En Géorgie, l’avortement était jusqu’ici autorisé jusqu’à la vingtième semaine de grossesse.

« Nous défendons les innocents, les vulnérables, ceux qui ne peuvent pas parler pour eux-mêmes », a déclaré le gouverneur, prononçant une argumentation classique venant des anti-choix. En apposant sa signature au texte, le conservateur a voulu « garantir à tous les Géorgiens l’opportunité de vivre, grandir, apprendre et prospérer ». La nouvelle loi qui entrera en vigueur le 1er janvier prochain prévoit tout de même des exceptions en cas de danger vital pour la mère, de viol ou d’inceste, mais sous réserve qu’une plainte ait été déposée.

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Une loi anticonstitutionnelle

« La Géorgie est le quatrième État à appliquer cette année la ‘loi sur le battement de cœur' », observe le New York Times. « Comme dans les autres États, il est probable qu’elle soit rapidement contestée devant les tribunaux ». C’est en tout cas ce qu’a promis de faire l’Union américaine pour les libertés civiles ACLU. « Cette loi met à rude épreuve la santé et le bien-être des femmes de Géorgie et révèle un mépris total pour leurs droits constitutionnels pourtant bien établis », avait regretté après le vote de la loi jugée « anticonstitutionnelle » par le Parlement de l’Etat, fin mars, la directrice exécutive de l’organisation en Géorgie Andrea Young. Cette dernière a publié un communiqué dans lequel elle affirme que « les femmes d’aujourd’hui ne peuvent s’épanouir que dans un État qui protège leurs droits les plus fondamentaux –le droit de choisir quand et si elles veulent ou non fonder une famille. La Géorgie ne peut pas se permettre de reculer sur la santé et les droits des femmes ».

Alors que la Géorgie affiche l’un des pires taux de mortalité maternelle du pays, selon Libération, la sénatrice démocrate de l’État Jen Jordan s’inquiète des conséquences d’une telle loi. Selon la politicienne fermement opposée au texte, elle pourrait pousser les obstétriciens exercer ailleurs, entraînant une nouvelle dégradation de l’accès aux soins gynécologiques.

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Tester la résistance de Roe v. Wade

Si des juges fédéraux bloquent le texte, la Géorgie fera appel dans l’espoir d’aller jusqu’à la Cour suprême, résolument à droite depuis l’arrivée de deux juges nommés par Donald Trump, Neil Gorsuch et Brett Kavanaugh. L’objectif des promoteurs de ces lois controversées est de revenir sur l’arrêt historique « Roe v. Wade » qui a reconnu en 1973 le droit à l’avortement pour toutes les Américaines tant que le fœtus n’est pas viable. Si cette stratégie est loin d’être nouvelle, elle a repris du poil de la bête depuis l’arrivée de Donald Trump et la nomination à la Cour suprême de deux magistrats conservateurs.

La preuve : l’institut Guttmacher, qui défend le droit à disposer de son corps, cité par l’Obs, a recensé plus de 300 mesures restreignant l’avortement adoptées depuis le début de l’année dans 28 Etats américains.

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