Laïcité : Attaqué par Valls, Hamon se défend

Benoît Hamon et Manuel Valls mercredi soir durant le débat de la primaire de la gauche. | © BERTRAND GUAY / AFP
D’après un article PARIS MATCH FRANCE de
Après plusieurs jours d’attaques contre Benoît Hamon sur la question de la laïcité, Manuel Valls a relancé le sujet, mercredi soir, lors du débat d’entre deux tours de la primaire de la gauche.
Avant le débat, l’entourage de Manuel Valls avait trouvé les formules les plus agressives pour attaquer Benoît Hamon. «Candidat des Frères musulmans» pour les uns, «des Indigènes de la République» pour les autres, le député des Yvelines a été abondamment critiqué pour son supposé laxisme vis-à-vis des extrémistes religieux. Mercredi soir sur TF1, France 2 et France Inter, Benoît Hamon a saisi l’opportunité pour exposer sa vision de la laïcité.
Minute par minute :Le débat de l’entre deux tour de la primaire de la gauche
« J’ai bien vu le procès qui m’a été fait. Florian Philippot, Marine Le Pen, j’ai bien compris… J’ai l’immense privilège comme Alain Juppé d’être moqué sur les réseaux sociaux avec des prénoms d’origine maghrébine ou arabe – là où moi, ça ne me choque pas (…). Aujourd’hui, les arguments du FN sont repris contre moi », a noté Benoît Hamon. Le député a poursuivi par un plaidoyer en faveur de la loi de 1905. « Cette loi en tant que telle, elle est complète, elle nous permet aujourd’hui d’aborder les questions qui sont posées, c’est-à-dire la manière dont l’extrême droite et la droite (…) veulent la dévoyer et la détourner, mais d’autre part, nous permet de résister aujourd’hui à tous ceux qui testent sur le terrain la République : dans les hôpitaux, en demandant qu’on soit pas soignés par une femme; dans les cafés, quand on dit aux femmes « n’y rentrez pas »…», a-t-il dit également, anticipant les critiques sur ses commentaires après un reportage de France 2 sur des cafés interdits de facto aux femmes.
Hamon défend la liberté pour une femme de « porter le foulard islamique »
Puis, alors que Manuel Valls a régulièrement dit son opposition de principe au voile, Hamon a assumé une position bien différente : «Là où le voile est imposé à une femme (…), nous devons tout mobiliser pour que cette femme ne soit pas soustraite au regard des hommes à raison de l’imposition d’un dogme (…). Mais là où une femme décide librement de porter le foulard islamique, et il en existe, peu importe ce que nous pensons, au nom de la loi de 1905, elle est libre de le faire, et moi je veux lui assurer cette liberté.»
Analyse :Valls et Hamon, deux programmes comparés
Manuel Valls, lui, estime qu’«il ne faut rien céder» et se revendique de la laïcité d’Elisabeth Badinter et de Caroline Fourest, deux auteurs qui combattent vigoureusement le port du voile islamique. Pour le candidat, «notre rôle, ce n’est jamais de stigmatiser. Mais c’est de dire à ces femmes et ces jeunes filles, qui vivent cet ordre machiste que nous sommes là pour les aider à s’émanciper». Manuel Valls avait soutenu les arrêtés d’interdiction du burkini, pris cet été par plusieurs communes. Benoît Hamon lui a rappelé que ces arrêtés avaient été déclarés illégaux par le Conseil d’Etat.
A lire :Manuel Valls joue le tout pour le tout
Enfin, interrogé sur son opposition à la loi contre le voile intégral de 2010, Benoît Hamon a sèchement rappelé qu’il n’avait pas pu la voter car il n’était pas député. Il n’a pas expliqué pourquoi il était opposé à ce texte. A l’époque porte-parole du Parti socialiste, il avait exposé la position du PS sur RTL : «Nous sommes totalement opposés à la burqa, la burqa est une prison pour les femmes, dans la République elle n’a pas sa place. Mais une loi de circonstances n’aurait pas les effets escomptés.»