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Décumul au PS : qui a le plus à perdre ?

Pour certains, le décumul va se payer cher | © Belga / Laurie Dieffembacq

Politique

Face aux scandales financiers à répétition, le Mouvement des jeunes socialistes a lancé un ultimatum à ses aînés : stop aux cumuls dès 2018. Une « nécessité » selon Maxime Felon, président du Mouvement. Reste que pour certains élus PS, le manque à gagner pourrait s’avérer élevé. 

Maxime Felon l’affirme : « il n’est pas question pour nous d’attendre 2024 et les autres partis. Obtenir le décumul total d’ici à 2018 est tout à fait réalisable, car la problématique ne concerne que certains élus du parti. Et il ne devrait y avoir aucun problème à le mettre en place : si la priorité du mandataire est la commune, qu’il défende sa commune, si sa priorité est la Wallonie, qu’il devienne député. Il n’y a pas besoin d’être sur tous les fronts pour incarner les changements sociaux ». Et le président du Mouvement des jeunes socialistes de rappeler que le PS « est empreint de valeurs et de justice sociale, et qu’on veut changer la société actuelle et son d’injustice ». Et pour endiguer l’injustice au sein même du parti, rien de tel que de réclamer la fin immédiate du cumul de mandats rémunérés, ce que le MJS a fait. Mais au jeu du cumul de mandats rémunérés, tous les élus PS ne sont pas logés à la même enseigne, et certains ont plus que d’autres à perdre.

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12 mandats rémunérés

En tête du classement compilé par Cumuleo, Naima Maâti, qui avec ses 12 mandats rémunérés est l’élue PS qui en compte le plus. On est certes loin des 30 cumuls rémunérés de Marcel Logiest (s.pa), en tête tous partis confondus, mais tout de même : outre son poste de conseillère communale à Bruxelles, Naima Maâti est également administratrice au sein de dix asbl et intercommunales, mais aussi membre du conseil de police de la zone de Bruxelles Capitale. Un « record » de cumuls rémunérés qui n’étonne qu’à moitié : toujours selon les statistiques recueillies par Cumuleo, c’est au gouvernement bruxellois que l’on retrouve le plus de mandats rémunérés de tous les gouvernements régionaux, soit 2.5 de moyenne par élu.

Toutes régions confondues

Mais Bruxelles n’est pas la seule à se distinguer. Au PS de Liège aussi, on accumule les mandats rémunérés. En 2015, le bourgmestre Willy Demeyer comptait ainsi 3 mandats rémunérés : son mayorat (129 463.46 euros bruts par an), un poste de représentant à la Chambre et d’administrateur chez Ethias. Un cumul en nette diminution tout de même par rapport à ses 12 mandats rémunérés de 2005. Et qui reste également en-deça des 5 mandats rémunérés en 2015 de celui qui lui a succédé à la tête de la Fédération du PS liégeoise, Jean-Pierre Hupkens. Outre son poste d’échevin à Liège (97 097.67 euros bruts par an), il exerce également quatre postes de président et/ou administrateur dans des intercommunales.

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« Une seule rémunération »

Au coeur de la tempête suite au scandale du Samusocial, Yvan Mayeur cumulait lui 5 mandants rémunérés en 2015 : bourgmestre de Bruxelles (129 461.93 euros bruts par an), président du conseil général de Vivaqua (56 546 euros bruts par an), administrateur du Samusocial (16 800 euros bruts/an) mais aussi président du Samusocial et président du conseil d’administration de Vivaqua. Son successeur au poste de bourgmestre de Bruxelles, Philippe Close, comptait lui en 2015 trois mandats rémunérés : chef de groupe au parlement de Bruxelles Capitale, échevin à Bruxelles (97 095.89 euros bruts/an) et député au Parlement de Bruxelles Capitale (106 111.19 euros bruts/an). Un cumul qui appartient désormais au passé : ainsi qu’il l’a affirmé lors de son passage dans l’émission A votre avis, « J’aurai une et une seule rémunération, celle de bourgmestre. Très clairement à Bruxelles non seulement, je ne cumulerai pas avec (ma fonction de) député et j’aurai une seule rémunération, celle de bourgmestre. Je n’exercerai que les mandats liés à ma fonction ».

« Une autre planète »

Elio Di Rupo a annoncé ce mardi qu’un congrès extraordinaire du PS sur le décumul se tiendrait le 2 juillet. En 2015, le président du PS comptait pourtant encore trois mandats rémunérés, exerçant également le rôle de représentant à la Chambre et de bourgmestre de Mons (120 096.8 euros bruts/an). Et Paul Magnette, qui a annoncé l’accélération du décumul au sein du parti ? Deux mandats rémunérés seulement en 2015, ministre-président wallon et conseiller communal à Charleroi. Des affaires qu’il s’agira de mettre en ordre d’ici à septembre, pour coller au calendrier de décumul évoqué par les pontes du parti. Et Maxime Felon de rappeler à nos confrères de la DH que ceux qui refusent le décumul « vivent sur une autre planète et pensent que nous devons simplement accepter qu’ils soient cumulards, parce qu’ils fournissent des voix ». Une voie qui ne sera plus suivie au sein du parti.

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