Libération Olivier Vandecasteele : pourquoi le premier ministre ne reprend-il pas le dossier ?

Dimanche dernier, jeunes et moins jeunes ont fait part de leur angoisse face au sort réservé à l’humanitaire. | © Photonews
La libération d’Olivier Vandecasteele est urgente. Le monde politique belge ne peut plus se cacher.
Par Martin Buxant
LN24 évoque le sort d’Olivier depuis des mois. Très tôt, nous avons été alertés par sa famille et ses amis, notamment le noyau tournaisien. Et très tôt, nous avons pointé le drame qui se nouait en Iran pour l’humanitaire belge. C’est pourquoi cette mobilisation de tous les médias francophones belges est aussi importante. Il ne faut rien lâcher, comme on dit, et notamment la pression sur les responsables politiques belges, afin que la libération de notre compatriote soit leur priorité absolue.
En théorie, c’est Hadja Lahbib, la ministre des Affaires étrangères, qui doit mener les négociations pour la libération d’Olivier Vandecasteele. Mais en pratique, on est en droit de se poser quelques questions. On ne va pas refaire tout le film, mais le dossier comporte évidemment des composantes judiciaires importantes. À cela, le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne semble se préparer assez efficacement avec son équipe, notamment par rapport à l’arrêt de la Cour constitutionnelle qui doit tomber. Reste évidemment le volet Affaires étrangères et diplomatie.
« La diplomatie belge n’est jamais aussi forte que lorsqu’elle est claire, transparente, volontariste et massivement soutenue »
Et là, on peut se demander si Mme Lahbib a bien intégré tous les paramètres du dossier, y compris le volet communication vers l’opinion publique belge. Elle a annulé sa participation à notre émission de vendredi dernier. Nous le regrettons, évidemment, car c’est en expliquant, en décodant, en présentant la situation aux Belges, que la ministre des Affaires étrangères récoltera son soutien, et certainement pas en se cachant derrière un « pas de commentaire ».
En 2023, c’est une pratique un peu éculée. Elle, une ancienne journaliste, est mieux placée que quiconque pour le savoir. La diplomatie belge n’est jamais aussi forte que lorsqu’elle est claire, transparente, volontariste et massivement soutenue par le pays qu’elle représente. Elle peut faire des miracles si elle est empathique et en phase avec les citoyens qu’elle doit défendre. Et nous avons besoin de ce miracle aujourd’hui pour Olivier Vandecasteele. Alors, Mme Lahbib, vous êtes la bienvenue.

Aujourd’hui, c’est peut-être aussi au Premier ministre à prendre la négociation en mains. Peut-être que la libération de M. Vandecasteele implique de pouvoir agir au plus haut niveau de l’État, de la même manière que les libéraux avaient poussé pour qu’Alexander De Croo reprenne la négociation avec Engie, sur la prolongation du nucléaire, à Tinne Van der Straeten. Il n’est peut-être pas tout à fait idiot de demander à M. De Croo de s’impliquer davantage dans la libération d’Olivier Vandecasteele, évidemment sans esprit de polémique ni de politique politicienne. La vie d’un de nos compatriotes est en jeu.
Alexander De Croo et Hadja Lahbib : « Il n’est peut-être pas tout à fait idiot de demander au Premier ministre de s’impliquer davantage dans la libération d’Olivier Vandecasteele, évidemment sans esprit de polémique ni de politique politicienne. »
« SON ETAT MENTAL S’EST GRAVEMENT DETERIORE »
La pétition lancée par Amnesty International réclamant la libération d’Olivier Vandecasteele a recueilli plus de 100 000 signatures. Ils étaient également nombreux, dimanche dernier, pour soutenir la famille de l’humanitaire belge emprisonné depuis 331 jours dans des conditions horribles et condamné à 40 ans de prison et 74 coups de fouet par un simulacre de justice. « Nous l’avons entendu via WhatsApp vendredi dernier, pour la quatrième fois depuis son arrestation », ont témoigné ses sœurs. « Son état mental s’est gravement détérioré. Depuis la dernière visite consulaire, il y a seize jours, il n’a parlé à personne et n’a pas vu un seul visage. Ses repas passent par une trappe, et il doit traverser les couloirs les yeux bandés pour sa promenade quotidienne de quinze minutes. Le gouvernement a l’obligation morale et politique de libérer immédiatement un concitoyen innocent. Olivier est victime d’un enchevêtrement d’intérêts géopolitiques, l’otage de tensions politiques entre deux pays qui remontent à bien avant son arrestation. »