Olivier Vandecasteele : la déconnexion de la justice avec les Belges commence ici…

Le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a remis son Prix 2023 pour la démocratie et les droits de l’homme au comité de soutien à Olivier Vandecasteele. On reconnaît, face au président Rudy Demotte, Nathalie et Annie Vandecasteele (respectivement sœur et maman de l’humanitaire belge emprisonné) et Olivier Van Steirtegem, porte-parole de tous ceux qui luttent pour sa libération. | © Bert Van Den Broucke / Photonews
La libération d’Olivier Vandecasteele est entre les mains de juristes. Qui prennent tout leur temps, alors qu’un homme risque de mourir en Iran.
Par Martin Buxant
Plus de trois heures de plaidoiries au sujet d’Olivier Vandecasteele, notre compatriote emprisonné en Iran : les plus grands juristes de ce pays se sont retrouvés à la Cour constitutionnelle, pour une partie de Stratego juridique qu’ils adorent. Ils ont rivalisé à coup d’arguments et d’articles de loi. Et au milieu de leur plateau de jeu – car pour certains, il s’agit clairement d’un jeu –, on trouve notre concitoyen emprisonné en Iran depuis plusieurs mois et condamné à 40 ans de prison et 74 coups de fouet par ce régime totalitaire.
Les jugent rendront leur verdict au début du mois de mars et on saura si l’on peut ou non échanger l’humanitaire belge contre un terroriste iranien emprisonné en Belgique. Dans deux ou trois semaines ! L’un des juges aurait-il une vague idée de ce que représente le fait de croupir, ne fût-ce qu’une seule journée, dans une taule iranienne ? On se plaint (avec raison) des conditions de détention de la prison de Saint-Gilles, mais à Téhéran, on entre dans une autre dimension. On parle ici d’un travailleur humanitaire innocent. Et des juristes nous disent qu’il leur faut du temps pour analyser et peser le pour et le contre ! La déconnexion de la justice avec les Belges commence ici. Avec cette Cour constitutionnelle.
La vérité – et pour reprendre les mots d’un très haut responsable politique à qui j’ai parlé il y a deux jours, mais qui préfère rester anonyme – est que « ce traité de transfèrement est une sacrée belle connerie ». On est à la merci des juristes et de la qualité de leurs plaidoiries. En fait, de leur état de forme du moment. Comme un joueur de football qui n’est pas au top au moment du match, un juriste peut avoir un jour sans et passer à côté de son sujet. Le sort d’Olivier tient à cela.
Ce traité de transfèrement, sous prétexte de cadre légal, va également nous placer officiellement entre les mains des autorités iraniennes : chacun saura en effet qu’il suffit d’enlever un Belge qui se balade en Iran pour obtenir quelque chose de la Belgique. Double débilité, donc.
On aurait pu ramener Olivier Vandecasteele en Belgique sans ce traité, en négociant en coulisses de manière efficace et discrète comme le font tous les grands États, de la France aux États-Unis en passant par la Grande-Bretagne. Les USA ont récemment obtenu la libération de leur basketteuse star incarcérée en Russie en l’échangeant contre un trafiquant d’armes russe qu’ils détenaient.
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Vous pensez sérieusement que les Américains ont beaucoup débattu avec leurs juristes avant de conclure le deal ? Et les Français sont-ils moins démocrates que nous parce qu’ils réussissent à ramener leurs otages du Mali ? Je ne pense pas. Les Belges, en voulant jouer les plus vertueux de la classe, laissent croupir un de leur fils en prison.