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Turquie, Palestine, Centrafrique : l’assemblée générale de l’ONU sous haute tension

L'assemblée a entamé sa 72e session | © Belga / AFP PHOTO / DON EMMERT

Politique

L’Assemblée générale des Nations unies ouvrait cette semaine sa 72ème session, faisant fi de ceux qui critiquent le coût de l’institution et l’absence de pouvoir contraignant. Baptême du feu de Donald Trump, accusations du président turc, la session a démarré sous haute tension. 

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a en effet appelé mardi l’Union européenne, durant son discours devant l’Assemblée générale des Nations Unies, à délier les cordons de la bourse pour faire face à l’afflux des migrants fuyant la Syrie et l’Irak. L’homme fort de l’Etat turc a affirmé ne pas « recevoir suffisamment de soutien de la communauté internationale« , et « spécialement de la part de l’Union européenne ».

Lutte intensive

Le président aux méthodes controversées affirme qu’Ankara a dépensé plus de 30 milliards de dollars pour accueillir et assister plus de 3 millions de Syriens et 200.000 Irakiens, mais n’a reçu que 820 millions des 3 milliards d’euros, renouvelables, auxquels s’est engagée l’UE dans le cadre du controversé accord appliqué depuis mars 2016, qui permet notamment à la Grèce de renvoyer des candidats à l’asile vers le territoire turc. La Turquie nourrit et abrite les candidats à l’immigration, et répond à leurs besoins en matière d’éducation et de soins de santé, a souligné le président turc. Erdogan a par ailleurs promis que son pays mène « une lutte intensive contre les organisations terroristes sanglantes » actives dans la région, « comme l’Etat islamique et le Parti des travailleurs du Kurdistan ». Il n’a également pas manqué, sur le délicat sujet kurde, de condamner le référendum sur l’indépendance que veut organiser le Kurdistan irakien le 25 septembre.

Momentum pour l’UE

De son coté, le Premier ministre Charles Michel a rencontré mardi à New York le président de la République islamique d’Iran Hassan Rohani, en marge de l’assemblée générale de l’ONU. Les deux hommes ont évoqué de multiples sujets, dont le conflit syrien, la lutte contre le terrorisme, ou encore l’accord sur le nucléaire iranien. D’après le chef du gouvernement belge, la remise en cause de cet accord par le président américain Donald Trump peut constituer un momentum politique pour l’Union européenne.

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« C’est une occasion pour elle de défendre ses valeurs. Que l’Iran soit ouvert à des collaborations à différents niveaux est une bonne chose », a affirmé Charles Michel. « Beaucoup de pays européens sont convaincus qu’il faut un dialogue avec l’Iran pour avoir de la stabilité », a-t-il poursuivi, en qualifiant à cet égard l’accord conclu en 2015 sur le nucléaire de « pas dans la bonne direction ». Les Européens vont se mobiliser pour que cet accord soit respecté, tout en attendant de Téhéran de la loyauté dans son implémentation, a-t-il précisé. Le Premier ministre a par ailleurs émis son souhait de renforcer les collaborations belges avec l’Iran, et à ce titre proposé à M. Rohani d’effectuer une visite en Belgique. Charles Michel a enfin souligné que l’entretien avait également été l’occasion d’aborder des points de désaccord, notamment sur des questions relatives aux droits de l’Homme.

BELGA PHOTO BENOIT DOPPAGNE

Ne pas oublier la Centrafrique

Le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra a quant à lui demandé mardi un renforcement substantiel de la Minusca, la force de maintien de la paix de l’ONU, pour assurer la sécurité dans son pays et appelé la communauté internationale à « ne pas oublier » la Centrafrique. « La seule force capable d’assurer la sécurité, ce sont les Nations unies », a ainsi déclaré M. Touadéra lors d’une conférence de presse en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York. « Il faut renforcer les capacités de la Minusca en termes d’hommes et de matériels », a-t-il plaidé, estimant les besoins à « quatre contingents » supplémentaires, soit plusieurs milliers de militaires.

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Forte de quelque 12.000 hommes, la mission onusienne, déployée depuis 2014 dans ce pays d’Afrique centrale, doit voir renouveler son mandat en novembre par le Conseil de sécurité de l’ONU. La Centrafrique avait basculé dans le chaos en 2013 avec le renversement de l’ancien président François Bozizé par une rébellion à majorité musulmane, la Séléka. Ce coup de force avait entraîné une contre-offensive des anti-Balakas, une milice majoritairement chrétienne, et conduit à des massacres ayant entraîné l’intervention militaire de la France, puis le déploiement de la Minusca. Mais le pays de 4,5 millions d’habitants reste majoritairement sous la coupe de groupes armés (une quinzaine au total) et le gouvernement de M. Touadera, élu en février 2016, peine à établir son autorité au-delà de la capitale, Bangui. Un haut responsable onusien a récemment mis en garde contre des signes avant-coureurs de « génocide » en Centrafrique. Une réunion ministérielle consacrée à la situation en Centrafrique se tenait mardi après-midi en marge de l’Assemblée générale. « La Centrafrique vit un moment critique de son histoire. On a besoin du soutien de nos amis », a déclaré M. Touadéra avant le début de la réunion.

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