Le prix Sakharov attribué à l’opposition démocratique vénézuélienne

Le prix Sakharov a été attribué à l'opposition vénézuélienne. | © AFP PHOTO / FEDERICO PARRA
Le Parlement européen a attribué le prix Sakharov 2017 à l’opposition démocratique vénézuélienne.
Le Parlement européen a attribué ce jeudi 26 octobreson son Prix Sakharov 2017 pour la « liberté de l’esprit » à l’opposition démocratique vénézuélienne, ont annoncé des sources parlementaires avant l’annonce officielle de la récompense.
Plus précisément, les eurodéputés ont choisi de rendre hommage à l’Assemblée nationale vénézuélienne dominée par l’opposition (et présidée par Julio Borges), ainsi qu’à des prisonniers politiques comme Leopoldo Lopez et Antonio Ledezma.
Défenseurs des droits de l’homme et de la liberté d’expression
Les deux autres finalistes en lice étaient Dawit Isaak, un journaliste et auteur suédois d’origine érythréenne, arrêté en 2001 par les autorités d’Asmara, et la Guatémaltèque Aura Lolita Chavez Ixcaquic, issue du peuple maya quiché, qui incarne la lutte pour les droits des populations autochtones.
Le Prix Sakharov, créé en 1988, tire son nom du scientifique soviétique dissident Andreï Sakharov (1921-1989), et distingue chaque année des personnalités qui se sont illustrées dans la défense des droits de l’homme et de la liberté d’expression.
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L’an dernier, le prix avait été attribué à deux femmes yézidies d’Irak, réduites en esclavage par le groupe jihadiste État islamique (EI) avant de s’enfuir, et en 2015 au blogueur saoudien Raef Badaoui, emprisonné pour « insulte à l’islam ».
Mettre sous les projecteurs une situation « considérablement dégradée ces derniers mois »
L’opposition démocratique au Venezuela faisait figure de favorite cette année. Ce choix avait été proposé par les députés européens de droite et du centre-droit (PPE, principale force politique au Parlement européen) et par les libéraux (ALDE).
Ils avaient expliqué vouloir mettre sous les projecteurs une situation « considérablement dégradée ces derniers mois » en matière de droits de l’Homme au Venezuela, où « depuis le début de l’année, plus de 130 opposants ont été assassinés et plus de 500 ont été emprisonnés arbitrairement ».
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Cet hommage survient au moment où l’opposition au président socialiste Nicolas Maduro apparaît plus divisée que jamais, dans ce pays pétrolier en plein naufrage économique. Quatre des cinq gouverneurs régionaux de l’opposition récemment élus ont prêté serment lundi 23 octobre devant la Constituante, exclusivement composée de partisans du président Maduro.
Il s’agit d’un revirement par rapport à la position initiale de la Table pour l’unité démocratique (MUD), une coalition d’une trentaine de partis allant de la gauche modérée à la droite, qui voulait boycotter une Constituante dont elle ne reconnaît pas la légitimité.
En signe de protestation, l’ex-candidat à la présidentielle Henrique Capriles a claqué la porte de la MUD mardi, dénonçant une « trahison ». Le gouvernement vénézuélien, grand vainqueur des régionales du 15 octobre (18 régions remportées sur 23), avait menacé de destituer les gouverneurs ne prêtant pas serment devant la Constituante.

Maduro profite des divisions au sein de l’opposition
Les divisions au sein de l’opposition profitent au président Maduro, qui avait été très chahuté par une vague de manifestations au printemps exigeant son départ, et ayant fait 125 morts. Le chef de l’État se retrouve désormais en position de force pour les prochaines échéances électorales (municipales, encore sans date, et présidentielle, fin 2019).
Le prix Sakharov, doté d’une somme de 50 000 euros, sera remis au vainqueur lors d’une cérémonie qui se tiendra le 13 décembre à Strasbourg.
Les eurodéputés se sont récemment penchés de manière inhabituelle sur l’un de leurs choix passés : le prix décerné à la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi en 1990, alors qu’elle venait d’être placée en résidence surveillée après que son parti eut remporté les élections.
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Dans une résolution adoptée en septembre dernier, les députés européens ont en effet déploré que l’ancienne égérie des droits de l’Homme, devenue dirigeante civile du gouvernement, garde le silence sur le sort des musulmans rohingyas persécutés.
Les eurodéputés se sont demandé dans ce texte « si le prix Sakharov pourrait être révoqué en cas de violations » des critères ayant conduit à son attribution.