États-Unis : la tragique banalité des fusillades à l’école

La fusillade survenue mercredi en Floride a fait au moins 17 morts. | © BELGA/ABACAPRESS
Depuis le début de l’année, les États-Unis ont été le théâtre de 18 fusillades en milieu scolaire. La dernière en date, survenue en Floride mercredi a fait au moins 17 morts.
Élus et policiers n’avaient que des prières et aucune explication à offrir mercredi soir aux proches des 17 personnes abattues de rafales de fusil d’assaut par un jeune homme de 19 ans dans un lycée de Floride. « C’est juste le mal à l’état pur », a lâché le gouverneur de Floride, Rick Scott, lors d’un point de presse à Parkland, en guise de maigre explication pour ce qui est l’une des pires tueries aux États-Unis depuis un quart de siècle.
Les États-Unis sont le seul pays développé du monde où se répètent désespérément les fusillades en milieu scolaire, comme celle qui a endeuillé mercredi la Floride : il y en a déjà eu 18 en 2018, et nous ne sommes que le 14 février. « Il s’agit de la 291e fusillade en milieu scolaire depuis le début de 2013 », a réagi Shannon Watts, fondatrice de Moms Demand Action For Gun Sense In America, une organisation qui lutte contre la prolifération des armes à feu. Les écoles américaines sont de moins en moins des sanctuaires épargnés par la violence armée et les Américains semblent fatalistes face à la situation. La plupart des ces fusillades ne font d’ailleurs même pas les gros titres de la presse nationale, étant donnée leur banalité.
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Il y a environ une fusillade en milieu scolaire par semaine, selon Everytown for Gun Safety, une autre organisation militant pour le « gun control », c’est-à-dire le durcissement des lois sur les armes individuelles. Un jeune homme armé d’un fusil semi-automatique a fait 17 morts mercredi dans son ancien lycée de Parkland, dans le sud-est de la Floride, avant d’être interpellé.
Un élève porteur d’une arme de poing avait lui ouvert le feu le 23 janvier dans son lycée de l’État du Kentucky, à l’heure du début des classes. Il avait tué deux adolescents, une fille et un garçon, âgés de 15 ans comme lui. La veille, une adolescente avait été blessée par balle dans la cantine de son lycée du Texas. Le 22 janvier, un garçon de 14 ans avait lui été éraflé par une balle sur le parking d’un collège de la Nouvelle-Orléans. Dans les jours précédents, des tirs avaient visé un bus scolaire dans l’Iowa, un lycée de Seattle, un campus de Californie…
Aux réactions outrées succédera l’inaction d’un Congrès contrôlé par les républicains
Ces drames relancent invariablement un débat qui tourne à vide: faut-il équiper toutes les écoles de portiques de sécurité ? Faut-il au contraire armer (davantage) les enseignants ? Au fond chacun sait que, comme d’habitude, aux réactions outrées succédera l’inaction d’un Congrès contrôlé par les républicains. Pourtant la tendance sur le long terme offre des motifs d’inquiétude. Dans une étude sur des « tireurs en action » des années 2000 à 2013, la police fédérale américaine constate une « fréquence en hausse » de ces événements sur la période. Dans 70% des cas, l’irréparable est commis en cinq minutes ou moins, ce qui relativise la réaction que peuvent avoir les forces de l’ordre. Dans 24,4% des cas, les tirs concernent des sites éducatifs.
Les tireurs ayant ouvert le feu à l’intérieur d’un collège ou d’un lycée sont, dans la majorité des faits recensés, élèves de l’établissement. Enfin, note le FBI, les fusillades en milieu scolaire sont souvent les plus meurtrières.
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Certaines de ces tragédies ont durablement traumatisé l’Amérique, comme celles de Columbine en 1999, de Virginia Tech en 2007, ou le massacre de Sandy Hook, une école primaire du Connecticut où furent abattus il y a cinq ans 20 enfants âgés de 6 et 7 ans Depuis ce dernier drame, les procédures d’alerte et les exercices d’entraînement se sont multipliés dans les établissements scolaires. L’objectif de ces formations est d’apprendre aux écoliers comment réagir face à un individu tirant à l’aveugle dans le but de faire un maximum de victimes.