« On a chopé la puberté » : Pourquoi la réaction des éditions Milan dérange

Les internautes la comparent à une victimisation. | © DR
Après la polémique suscitée par leur livre jugé sexiste, les éditions Milan ont décidé de ne pas rééditer « On a chopé la puberté » dans un communiqué qui dérange, lui aussi.
« Tiens-toi hyper droite pour les faire paraître plus gros ! » Accusé de véhiculer des clichés sexistes, le livre pour pré-ados On a chopé la puberté a suscité un véritable tollé sur les réseaux sociaux. Une pétition a d’ailleurs récolté plus de 140 000 signatures, exigeant le retrait de ce livre du marché et des excuses des éditions Milan.
Face à cette polémique, les éditions Milan n’ont qu’une seule solution : obéir. Samedi soir sur Facebook, elles annoncent qu’elles ne ne réimprimeront pas On a chopé la puberté. Pour les excuses, les internautes repasseront.
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Violence extrême
La publication de ce livre destiné aux enfants à partir de 9 ans « a donné lieu depuis quelques jours à une campagne d’une violence extrême sur les réseaux sociaux », estiment les éditions Milan dans leur communiqué. « Ce phénomène nous amène à nous questionner de nouveau sur la manière d’aborder ces problématiques adolescentes, sur le parti pris humoristique adopté, mais surtout sur l’interprétation que peuvent en avoir les adultes » poursuit la maison d’édition, qui explique avoir décidé de ne pas « réimprimer cet ouvrage », « dans un souci d’apaisement ».
Victoire o/ On reverra la définition de ce qu'est une "violence extrême" peut-être mais au moins ça ne sera pas réimprimé 🙂 https://t.co/hvrw0RwWXA
— Emma (@KerriganNuNue) March 4, 2018
« La volonté de ce livre est de se positionner à hauteur d’enfants, sans jugement ni pré-acquis moraux. Néanmoins, dans un contexte où il semble impossible d’avoir un débat serein, nous entendons les craintes et les interrogations », terminent les éditions Milan.
Aucune remise en question
Des mots qui ont eu le don d’énerver (encore) les internautes, qui sont nombreux à avoir comparé cette réaction à une victimisation. « C’est quoi au juste qui est violent ? D’oser dire qu’on ne veut plus inculquer aux gamines qu’elles sont de la viande pour hommes ? Qu’elles doivent être blanches, hétérosexuelles, cisgenre, minces ? Essayez au moins de pas vous victimiser », écrit l’une, en top commentaire sur Facebook. « Vraiment décevante votre réponse, vous auriez eu davantage intérêt à reconnaître vos erreurs. Le ‘contexte actuel’ n’empêche pas le débat, au contraire, il l’alimente pour que les femmes de demain aient droit à un meilleur environnement », peut-on lire un peu plus bas. Les internautes reprochent aux éditions Milan de pointer du doigt les « violences extrêmes » plutôt que de se remettre en question. Dommage pour une maison d’éditions dite éducative.
Malgré cette polémique, les éditions Milan veulent continuer à « accompagner les enfants dans leurs questionnements » et de s’engager « en faveur de l’égalité des sexes dans un esprit laïque, moderne, d’ouverture et de mesure ».