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Pourquoi la journée des femmes est toujours nécessaire en Belgique

Malgré des améliorations, de nombreuses inégalités existent encore entre les hommes et les femmes. | © ©Thomas Padilla/MAXPPP

Société

La journée internationale des droits des femmes est célébrée dans bon nombre des pays du globe chaque 8 mars. Officialisée par l’ONU en 1977, l’idée de créer cette journée date en fait de 1910. À l’époque, de nombreuses femmes réclament le droit de vote, de meilleures conditions de travail ainsi que l’égalité entre les sexes. 

Dites « journée internationale des droits des femmes » et non pas « journée de la femme ». Le 8 mars, ce n’est pas comme la fête des mères ou la Saint-Valentin. Partout dans le monde, c’est l’occasion de faire le bilan.

Pas encore assez de femmes en politique

La Belgique est dans le top 10 des pays les plus égalitaires d’Europe, note Spotahome, une plateforme en ligne de location de logements à moyen et long terme, qui a passé au crible 36 pays et 33 villes en Europe, à travers 10 critères reprenant les différents facteurs d’égalité dans la société. Les égalités hommes-femmes placent la Belgique en quatrième place du classement réalisé par Spotahome. Les différences salariales sont bien moindres qu’en France et les femmes sont plus nombreuses sur le marché du travail. Spotahome note toutefois que la Belgique a encore du boulot, notamment en politique : les femmes sont encore trop peu nombreuses. « Les conseillers municipaux sont très majoritairement masculins », indique la plateforme.

Le 8 mars, de nombreuses manifestations ont lieu dans le monde. Ici, en 2016, des femmes défilaient à Paris pour plus d’égalité. ©Thomas Padilla/MAXPPP

De son côté, une étude nationale commandée par le projet Woman Up pointe qu’à 9% des femmes belges se décident à devenir leur propre patronne. Seule une sur trois se dit tentée par l’aventure entrepreunariale. Elles pointent notamment la perception négative des entrepreneuses face à leurs homologues masculins, le sentiment d’imposture et l’incertitude financière comme obstacles à l’épanouissement de leur projet professionnel.

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Quatre Bruxelloises sur cinq victimes d’intimidation sexuelle

À Bruxelles, les femmes se retrouvent régulièrement en situation d’intimidation sexuelle, d’après une étude de l’Université de Gand publiée ce mercredi. Elles sont ainsi 86,4% à avoir été confrontées à au moins une forme du phénomène, tandis que 41% déclaraient subir encore ce type de pression au moment de l’entretien. L’étude porte sur un panel de 426 citoyennes Bruxelloises dont l’âge moyen est de 43 ans. Les termes d’« intimidation sexuelle » sont pris au sens large et vont des regards insistants aux baisers non consentis et aux attouchements.

La très grande majorité des Bruxelloises affirme donc avoir dû faire face à des comportements déplacés et plus d’un tiers (34,5%) en porte encore la trace aujourd’hui, sous la forme d’insomnies ou de problèmes relationnels.

La moitié des répondantes (49,5%) a déjà dû faire face à une forme de violence physique de la part d’une personne qui n’est pas son conjoint, comme être « poussée », « tirée » ou « menacée physiquement ». Les agresseurs étaient principalement des membres de la famille. Près de 14% déclarent avoir subi une forme de violence sexuelle physique hors conjoint, généralement imposée par des inconnus. La violence psychique est quant à elle plutôt le fait de connaissances.
Un peu moins d’un quart des femmes interrogées (23,7%) se disent victimes de violence physique au sein de leur couple, dont une sur cinq au cours de l’année écoulée. Ce nombre grimpe à 52,8% pour la violence psychologique. L’humiliation dans la sphère privée, les coups et les relations sexuelles forcées sont les comportements les plus pointés.

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Les femmes font moins d’accidents de la route

L’institut Vias (ex-IBSR) s’est livré à une nouvelle analyse statistique genrée sur les comportements au volant, à l’occasion de ce 8 mars. Les conductrices se révèlent en général plus prudentes que les automobilistes masculins. L’étude de Vias sur les différences entre les hommes et les femmes en voiture a pris en compte trois domaines : l’implication dans les accidents, les amendes et condamnations ainsi que le comportement dans la circulation (alcool, ceinture, vitesse et GSM au volant).

Concernant les accidents de roulage, les femmes sont impliquées dans des accidents moins graves que leurs homologues masculins. Ainsi, les accidents impliquant une conductrice se soldent deux fois moins souvent par un décès que les accidents impliquant un conducteur. Elles font également moins d’accidents (43%) en général. Toutefois, nuance Vias, le fait que les hommes prennent plus souvent le volant que les femmes peut expliquer en partie ces résultats.

Enfin, Vias dénombre quatre fois plus de contrôles positifs à l’alcool chez les hommes. « Les femmes sont plus prudentes au moment de décider si elles prennent le volant et leur consommation d’alcool en général est significativement plus faible que chez les hommes », commente l’institut. Les hommes ont également plus de difficulté à se détacher de leur GSM : ils sont 3,7% à manipuler leur téléphone sur autoroute, contre 1,6% des femmes.

En règle générale, les femmes seraient donc plus responsables sur la route et tendraient moins à relativiser leurs fautes. « Ceci explique aussi pourquoi plus de 90% des conducteurs qui participent aux formations que l’institut Vias dispense dans le cadre des peines alternatives sont des hommes… ».

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