Les manifestantes interpellées à Bruxelles dénoncent la violence de la police

Une septantaine de personnes ont été interpellées samedi soir. | © BELGA PHOTO LAURIE DIEFFEMBACQ
Les organisatrices et participantes à la manifestation féministe « Reclaim the Night » qui ont été interpellées par la police de Bruxelles samedi, affirment lundi avoir été traitées violemment et brutalement.
Il devait s’agir de la cinquième « Reclaim the Night » mais une précédente édition, en 2017, avait été émaillée d’incidents avec la police, ce qui explique que la manifestation n’ait pas été autorisée samedi soir. Les participantes à la manifestation se sont tout de même rassemblées, avant d’être cantonnées par la police à la rue Sainte-Catherine à Bruxelles. Une septantaine de personnes ont été interpellées.
« Nous estimons que nous devrions avoir le droit de nous approprier la rue sans avoir à négocier. Nous estimons avoir le droit d’être présent(es) en nombre dans la rue. Notre liberté ne se négocie pas, elle s’impose », répondent les manifestantes dans un texte publié sur internet.
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Brutalité à l’abri des regards
« Vers 20h30, après avoir marché dix minutes au départ de la place Sainte-Catherine, un important dispositif policier nous a bloqué la route puis encerclé(es) », racontent les manifestantes. « Notre cortège, composé d’une centaine de personnes, s’est retrouvé comprimé entre des lignes de robocop armés de leurs bouclier-casque-matraque, rue bloquée de tous les côtés par plusieurs combis, camions, voitures de police. Pendant ce temps, des barrières Heras recouvertes de toiles ont été disposées tout autour de nous de manière à nous invisibiliser de la foule amassée aux alentours et des soutiens. Une fois à l’abri des regards les flics ont commencé à extirper les personnes une à une de manière très brutale, plaquées au sol, tirées par les cheveux, fouillées, colsonnées et embarquées. Certaines personnes venues en soutien se sont vues brutalisées également ».
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Les manifestantes affirment également avoir été brutalisées ensuite à la caserne d’Etterbeek où elles avaient été embarquées. « Nous avons été disposé(es) dans les cellules en nous distinguant bien entre ‘assignée femme’ et ‘assigné homme‘ », ajoutent-elles, y voyant une « violence transphobe humiliante ». Les manifestantes parlent enfin d' »insultes, blagues sexistes, homo-trans-phobes ».
Le paradoxe de la manifestation
Selon les organisatrices, « la Police nous sort un discours faussement poli en amont en nous disant qu’elle veut simplement co-organiser l’événement avec nous. Nous trouvons extrêmement paradoxal de demander une autorisation à un État patriarcal pour pouvoir manifester contre lui. Nous refusons donc de négocier avec la milice répressive et liberticide de ce même État ».
#Ettoutlemondedétestelapolice
Samedi soir, de nombreuses personnes avaient déjà dénoncé l’action policière sur les réseaux sociaux. Sur sa page Facebook, le poisson sans bicyclette, café féministe de Schaerbeek, écrit : “La RECLAIM THE NIGHT n’a même pas vécu une demi-heure. On a débarqué en soutien, tout le monde était nassé.e, tout le monde s’est fait.e embarquer. Le soutien (nous) s’est fait dégager à coups de boucliers, des meufs ont été brutalisées. Personne n’était armé.e. Les flics nous ont menacé.es ! ‘Bougez-vous on va gazer!!!’ ». Depuis cette interpellation, le café publie régulièrement des témoignages et des vidéos de l’action sur sa page Facebook.
La RECLAIM THE NIGHT n'a même pas vécu une demi-heure. Certaines de nos bénévoles ont débarqué en soutien, tout le monde était nassé.e, tout le monde s'est fait.e embarquer. Le soutien s'est fait dégager à coups de boucliers, des meufs ont été brutalisées. Personne n'était armé.e. Les flics nous ont menacé.es !"Bougez-vous on va gazer!!!"Soutien à celleux embarqué.e.s à la caserne d'Etterbeek !
Publiée par Le poisson sans bicyclette sur samedi 31 mars 2018
(Avec Belga)