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Boracay, l’île paradisiaque devenue « fosse septique »

Depuis les années 1970, Boracay est une destination touristique plus que prisée. | © Flickr : Duncan Rawlinson

Société

Le président Rodrigo Duterte a décidé de fermer l’île de Boracay aux touristes pour une période de six mois, en vue d’assainir un littoral qui ne sent plus vraiment la rose…

 

Comment résister à ses eaux cristallines et ses larges plages de sable blancs ? Depuis les années 1970, Boracay est une destination touristique plus que prisée. Au point de figurer en 2017 dans le Top 10 des meilleures îles d’Asie (par le magazine Travel + Leisure) et d’y décrocher la deuxième place. Mais cette île des Philippines s’apprête à payer les lourdes conséquences de son rayonnement touristique et planétaire.

Un littoral qui « sent la merde »

Ce mercredi 4 avril, le président Rodrigo Duterte a annoncé sa décision de bannir les touristes de l’archipel pour une période de six mois, en raison de l’incurie des bars et des hôtels. Pour le chef de l’État, réputé pour sa propension à ne pas mâcher ses mots, le littoral s’est transformé en « fosse sceptique » qui « sent la merde ». Et pour remédier à ce problème, peu d’autres solutions que d’interdire son accès aux vacanciers.

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Chaque année, Boracay accueille environ deux millions de touristes et génère un milliard de dollars pour l’économie philippine. Si la récente décision du président pourrait sérieusement mettre en péril les emplois de milliers de personnes travaillant sur ce qui reste l’un des joyaux touristiques de la région, Rodrigo Duerte se veut ferme. Il accuse en effet depuis février dernier les hôtels et bars de Boracay de déverser directement leurs eaux usées dans la mer. Le ministère de l’Environnement avait par ailleurs affirmé que 195 commerces et 4 000 particuliers de l’île n’étaient pas connectés aux réseaux d’égouts.

Rodrigo Duerte accuse depuis février les hôtels et bars de Boracay de déverser directement leurs eaux usées dans la mer. Photo : Flickr / rhoelilagan

Fausse bonne conscience ?

Conséquence de la décision de « fermer » l’île aux touristes, des compagnies aériennes ont annoncé jeudi qu’elles réduiraient leur nombre de vols. Certains experts s’étonnent cependant de la « fermeture » de l’île de 10 km2 située à 300 kilomètres au sud de Manille, d’autant que le gouvernement vient de donner son feu vert au géant macanais Galaxy Entertainment pour la construction l’an prochain d’un nouveau casino et complexe hôtelier à 500 millions de dollars. L’île abrite déjà plus de 500 hôtels emploie 17 000 personnes, sans compter les 11 000 employés du secteur de la construction qui travaillent sur de nouveaux projets.

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Le chef de l’État a décidé que cette interdiction s’appliquerait à compter du 26 avril, a annoncé son porte-parole mercredi soir sur Twitter, sans donner de détails.

 

– Avec Belga

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