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Qui était l’avocat américain qui s’est immolé pour dénoncer la pollution ?

David Buckel

David Buckel était intervenu dans plusieurs retentissants procès. | © MAXPPP

Société

Fervent défenseur des droits LGBT, le célèbre avocat américain David Buckel s’est suicidé par le feu samedi à New York pour protester contre la pollution. 

S’il a mené durant plusieurs années un combat pour le mariage pour tous, c’est au nom de la protection de la planète que David Buckel s’est donné la mort samedi 14 avril à New York. Le célèbre avocat américain s’est immolé par le feu, après s’être aspergé d’essence, pour dénoncer la pollution. « La pollution ravage notre planète et répand l’instabilité à travers l’air, le sol, l’eau et la météo », a écrit David Buckel dans un e-mail envoyé à plusieurs médias américains, dont le New York Times, avant son passage à l’acte. « La plupart des humains sur la planète respirent maintenant un air rendu insalubre par les carburants fossiles et beaucoup, en conséquence, mourront prématurément – ma mort prématurée au moyen d’un carburant fossile reflète ce que nous sommes en train de nous faire à nous-mêmes », dénonce-t-il.

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Des procès déterminants

L’avocat âgé de 60 ans était un militant des droits LGBT reconnu aux États-Unis, où il était intervenu dans plusieurs retentissants procès pour discrimination sexuelle. Il avait été le principal défenseur dans l’enquête tristement célèbre contre un shérif après le meurtre de Brandon Teena dans le Nebraska. Ce jeune homme transgenre avait été violé, puis assassiné par ses violeurs en 1993 après les avoir dénoncés à la police. Un crime porté à l’écran six ans plus tard dans Boys Don’t Cry et qui a permis à l’actrice Hilary Swank de remporter l’Oscar de la meilleure actrice en 2000 pour sa prestation dans le rôle de Teena.

Mais c’est certainement au sein de l’organisation de défense des droits civiques de la communauté LGBT Lambda Legal que l’Américain a réalisé ses plus grands procès. Directeur juridique de l’organisation fondée en 1971, il avait été à l’avant-garde du combat pour la légalisation du mariage gay, maintenant reconnu juridiquement dans tous les Etats du pays. L’affaire Nabozny contre Podlesny, jugée en 1996, est également un procès déterminant, mené par David Buckel. Son travail a abouti à une victoire historique pour un lycéen forcé de quitter l’école en raison de la brutalité perpétrée par d’autres étudiants et de l’inaction des administrateurs de son école. C’était la première fois qu’une cour fédérale statuait que les écoles avaient l’obligation de prévenir les maltraitances homophobes et étaient responsables d’y mettre un terme. « Son plaidoyer réfléchi et engageant a brisé de nombreuses idées fausses et a montré qu’il était possible et nécessaire que notre mouvement prenne la parole pour les jeunes LGBT victimes d’intimidation », écrit l’organisation sur son site.

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« Sa mort est une perte terrible pour l’ensemble du mouvement pour la justice sociale », a réagi l’association citée par le Monde. Susan Sommer, ancienne avocate de Lambda Legal qui travaille à présent à la Justice pénale de la mairie de New York, a voulu rendre hommage à son ancien collègue, « un des architectes de la liberté de se marier et du mouvement pour l’égalité des mariagess ».

« Donner une voix à la Terre »

Après avoir quitté l’organisation, David Buckel a milité pour la défense de l’environnement. À la retraite, il était devenu une figure importante d’une association de Brooklyn pour le compostage et le jardinage urbain, Red Hook Community Farm. Leveur de fonds et organisateur, l’ex-avocat a également dirigé quelque 2 000 autres bénévoles, souligne L’Obsqui ont aidé à traiter plus de 150 tonnes de matériel compostable à la main.

Dans son message d’adieu, David Buckel dit être en bonne santé, mais il souhaite que sa mort amène des actions plus conséquentes pour la défense de l’environnement. « Avoir des buts honorables dans la vie invite à avoir des buts honorables dans la mort », a-t-il écrit. Il exprime enfin l’espoir que « donner une vie puisse attirer l’attention » sur « la nécessité de donner une voix à notre maison, la Terre ».

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