L’ETA demande pardon

L'ETA a demandé pardon aux familles de ses victimes | © Belga / EPA/JAVIER ETXEZARRETA
Alors qu’elle pourrait annoncer très prochainement sa dissolution, l’organisation clandestine basque a publié vendredi un communiqué dans lequel elle fait part de ses regrets pour «les victimes des actions de l’ETA».
L’oganisation clandestine basque ETA a reconnu le «mal» qu’elle a causé pendant sa lutte armée pour l’indépendance du Pays basque et demandé pardon aux victimes, dans un communiqué publié vendredi par le journal basque Gara. «Nous avons causé beaucoup de douleur et des dommages irréparables. Nous voulons manifester notre respect aux morts, aux blessés et aux victimes des actions de l’ETA… Nous le regrettons sincèrement», dit le communiqué publié à l’approche de la dissolution annoncée de ce groupe qui a tué plus de 800 personnes en plusieurs décennies de lutte contre l’Etat espagnol.
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L’organisation devrait annoncer sa dissolution au cours du premier week-end de mai au Pays basque français, par une «déclaration très claire», avait assuré jeudi un médiateur international à la radio basque. Le Groupe international de contact (GIC), composé d’experts en résolution de conflit, a travaillé à favoriser la paix au Pays basque, région du nord de l’Espagne aux 2,2 millions d’habitants.
«Apparemment», l’annonce de la dissolution se produira le premier week-end de mai, le 5 ou le 6, «s’il n’y a pas d’imprévu de dernière minute», avait déclaré à la radio publique basque EITB, Alberto Spectorovsky, professeur d’université en Israël et membre du GIC, confirmant une information de la télévision basque ETB. L’annonce se fera au Pays basque français, selon lui. «La déclaration selon laquelle l’ETA n’existe plus sera très claire. Les mots, je ne peux pas les citer. Mais plus personne n’aura de doute», avait-il assuré.
« Processus de démobilisation » ou « dissolution »?
En France, le Groupe International de Contact, le Forum Social Permanent et Bake Bidea, mouvement civil pour la paix, tiendront une conférence de presse dès lundi à Bayonne. «Elle a pour objectif de partager des éléments importants sur le processus de démobilisation de l’organisation ETA», a annoncé Bake Bidea sans vouloir donner plus de précision.
Le terme «démobilisation» est utilisé plutôt que celui de «dissolution» qu’attendent l’Espagne comme la France. «Je considère que la décision de l’ETA est une dissolution», a cependant dit à l’AFP Jean-René Etchegarray, maire de Bayonne et président de la Communauté des communes du Pays Basque.
«Il faut que les choses soient parfaitement claires, les mots ont leur importance, la démobilisation est intervenue depuis 2011 où ETA a proclamé son cessez-le-feu», a-t-il insisté. Autant dire que les termes employés par l’organisation séparatiste le jour de l’annonce de sa dissolution seront scrutés à la loupe.
L’ETA avait renoncé à la violence en 2011. Le 8 avril 2017, elle a déposé les armes en remettant la liste de ses caches à la justice française. «Nous entrons dans une nouvelle phase qu’on peut appeler non seulement post-désarmement, post-violence mais post-ETA : c’est très important et cela va être clair», a dit Alberto Spectorovsky sur EITB. «Il va apparaître clairement qu’un chapitre de l’histoire du Pays basque et de l’histoire de l’Espagne est clos.»
Le groupe armé clandestin avait été créé en 1959 en pleine dictature de Francisco Franco. On lui attribue 829 morts et des milliers de blessés au nom de son combat indépendantiste, ainsi que des enlèvements et rackets. Après la dissolution, «l’amélioration de la situation» des membres de l’ETA emprisonnés sera en discussion, selon Alberto Spectorovsky.
«Ce qui est recherché, c’est le rapprochement des prisonniers» avec leurs familles, avait-il rappelé jeudi. «Cela dépend de l’Etat espagnol. La France le fait déjà (…) mais l’Etat espagnol a encore un peu de problèmes avec ça», avait-il estimé.
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Dans une réaction enregistrée adressée aux médias, le ministre espagnol de l’Intérieur, Juan Ignacio Zoido, avait répondu jeudi à cette prochaine dissolution par un message de fermeté : «L’ETA n’a atteint aucun de ses grands objectifs pour lesquels elle a tué et semé la terreur en Espagne. L’ETA n’a rien obtenu en arrêtant de tuer et n’obtiendra rien non plus par sa déclaration de dissolution», a-t-il dit.