Aux origines de la fièvre allemande des licornes

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Elles sont sur les rouleaux de papier toilette, les boites de céréales, les bols dans lesquels on les verse, dans la communication des partis SPD et CSU et jusque sur les paquets de préservatifs : les licornes ont envahi l’Allemagne.
Tout a commencé avec un simple paquet de biscuits. En novembre 2016, la fameuse marque allemande Ritter Sport lançait une édition spéciale de ses barres chocolatées figurant une licorne sur son emballage. Et il n’en a pas fallu davantage pour que le pays tout entier se prenne d’affection pour l’animal mythique de la couronne britannique : 200 euros et dix barres chocolatées plus tard – le prix atteint sur eBay pour la vente de l’édition limitée -, l’Allemagne se lançait dans une course effrenée à la démonstration affective pour les licornes. La tendance – et la folie – étaient nées.

Depuis deux ans, le cheval à corne s’expose partout, des masques de carnaval – c’est l’un des costumes les plus vendus cette année – aux usuels des grandes surfaces, en passant par la politique. Lors des dernières élections allemandes, le quotidien Die Zeit expliquait ainsi que le socio-démocrate SPD et le conservateur CSU avaient fait de l’animal leur nouveau blason, à travers une campagne de promotion liée à Martin Schulz pour le premier et des t-shirts pour le second.
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Pour autant, la licorne n’est officiellement le symbole d’aucun parti ou groupe social, affirme The Atlantic : le mythe appartient à tous – et en Allemagne, personne ne se prive de l’exploiter ni d’en parler comme le prouvent les statistiques. Entre 2016 et 2017, la mention « licorne » a triplé dans les recherches en ligne, assure le magazine, tandis que la presse locale parle d’une véritable « fièvre ». Désormais l’animal est aussi représentatif de l’Allemagne que la saucisse au curry.

Pourtant, l’animal ne colle pas forcément au mythe de la Chancellerie : « Dans un pays fier de son sens de l’ordre et de sa rationalité, la créature magique représente un échappatoire », écrit The Atlantic dans son enquête sur le phénomène. La licorne représenterait ainsi l’optimisme et l’espoir, selon le chasseur de tendances Peter Wippermann, devenu spécialiste plus ou moins malgré lui des licornes. Inoffensif, l’animal semblerait s’être imposé comme le dernier bastion de la légèreté allemande, en situation de crise sociale et politique. Et en cas d’ébranlement national, il restera toujours les elfes et le sasquatch pour apaiser les tensions.