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Les chewing-gums à la nicotine, le drôle de remontant de certains non-fumeurs

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Société

Manipuler notre cerveau avec un simple chewing-gum, c’est possible. Et il semblerait que de plus en plus de non-fumeurs l’aient compris : les gommes à mâcher à la nicotine peuvent avoir des effets thérapeutiques. Au prix d’une nouvelle addiction ?

 

Une course-poursuite contre le temps, voilà ce que semblent être devenues nos vies. Planifier, préparer, pour finir par toujours s’empresser, courir, plutôt que vivre. Et puis, surtout, tenir bon. Pour ce faire, tout le monde développe ses propres techniques, plus ou moins révolutionnaires, plus ou moins sereines, plus ou moins naturelles. L’exercice physique, l’alcool, la méditation, et pour certains, une tablette de chewing-gums à la nicotine.

À l’origine, explique Tonic dans un article sur le sujet, ces gommes à mâcher ont été conçues pour accompagner les fumeurs dans leur sevrage : la nicotine qu’elles contiennent offre la juste dose de stimulant pour tenir une cigarette éloignée – à défaut de son ardent désir. Le « traitement » n’est supposé durer que quelques semaines, le temps de poursuivre la désaccoutumance en solo. Mais que se passe-t-il lorsque des personnes qui n’ont jamais fumé de leur vie – ou très peu – se mettent à employer ce tour de passe-passe cérébral pour doper leur concentration et retrouver un brin de sérénité ?

Des avantages prouvés

Briser les entraves de l’anxiété sociale, perdre du poids, planer très légèrement, voilà ce que certains « mâcheurs » semblent chercher à travers leur tablette de chewing-gums à la nicotine. Celle-ci étant un stimulant, ce sont les effets que l’on peut ressentir à travers un grignotage plus ou moins conscient de ces gommes. Mais des études publiées en janvier, juin et décembre 2017 ont prouvé qu’elles pouvaient également avoir des conséquences thérapeutiques : dans l’ordre, améliorer les performances de jeunes athlètes, soulager les effets post-opératoires de la chirurgie colorectale et influencer la tension des patients atteints de Parkinson. En effet, la nicotine, en allant se loger sur les récepteurs de neurotransmetteurs, augmente la fréquence cardiaque, respiratoire et modifie le taux de sucre dans notre sang. Elle est aussi – et surtout ? – un pourvoyeur de dopamine, l’hormone du plaisir.

©Unsplash/Taylor Rooney

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Et jusqu’ici, la nicotine elle-même n’a jamais pu prouver ses liens avec le cancer : c’est a priori son contenant, la cigarette, qui en est responsable. Qui plus est, sous la forme de chewing-gums, elle est moins addictive qu’un mégot, de par sa libération plus graduelle dans le sang. Pour certains, ces petites gommes, au regard innoffensives, pourraient être la solution idéale en cas de coup de stress ou de mou passager.

Addictif pourtant

Pourtant, si les recherches actuelles n’ont pas démontré d’effets particulièrement néfastes, elle peut bel et bien créer une addiction – surtout chez les non-fumeurs. Publiée il y a un peu plus de dix ans, une étude de l’Université de Genève menée par le professeur Jean-François Etter tendait à prouver que ceux qui ne fumaient pas avaient une tendance à une plus grande dépendance à la nicotine, parfois tout autant que les fumeurs « traditionnels » : les « mâcheurs » n’ont jamais pu développer de tolérance à la nicotine. Pour eux, celle-ci est donc d’autant plus active, et par la suite, addictive.

Relativement peu étudiée pourtant, il se pourrait que la pratique se développe de plus en plus chez les non-fumeurs, non pas pour sevrer une quelconque addiction, mais a priori à la recherche d’effets apaisants ou stimulants. Un « remède-maison » loin de constituer la panacée dans notre poursuite d’un quotidien moins oppressif.

 

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