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Comment la publicité pour la lingerie nuit aux grosses poitrines

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Oui, il existe d'autres tailles après le D. | © Unsplash

Société

Longtemps orientée vers les hommes, la publicité pour lingerie a créé un cruel manque de diversité dans les tailles de soutiens-gorge. Du côté des maillots de bain, c’est le même constat.

L’été est là, et avec lui l’envie d’un nouveau bikini. Mais, pour les grosses poitrines, cette recherche relève souvent du véritable défi. La preuve : le dernier achat remonte la plupart du temps à quelques années, et c’est pas faute d’avoir essayé. Tandis que les triangles et les bandeaux ne soutiennent (et ne couvrent) pas assez, les options présentes dans les magasins populaires et abordables ne sont pas nombreuses, voire nulles. Uni ou à l’imprimé démodé, ces bikinis sont loin de ressembler à ceux portés par les mannequins dans les magazines et sur lesquelles les malchanceuses fantasment chaque année, à la même période. Du côté de la lingerie, le désespoir est le même. Passé le bonnet C, voire D, les soutiens-gorge perdent leur éclat et finissent par se réduire à trois options : blanc, noir ou beige.

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Au fil des années, ce manque de diversité, essentiellement dans les gammes de prix les plus faibles, a créé une fausse pensée chez les femmes à la poitrine généreuse : la plupart d’entre elles pensent faire du 95B. « Les femmes ont tendance à penser que E est la plus grande taille, elles pensent que le D est une énorme taille et cela fait vingt ans qu’elles achètent du B« , explique Josie Fellows, qui travaille dans un magasin de lingerie à Londres, au Guardian, repéré par Slate.

Si on dit à une cliente, vous faites du G, c’est comme dire à quelqu’un qui pense faire du 36 qu’elle fait en fait un 42.

Pour compenser, ces femmes vont souvent alors agrandir leur tour de taille au lieu de se tourner vers une taille adaptée à leur corps.

La faute à qui ?

Alors que certains pensent que c’est un problème hérité de génération en génération, d’autres pointent du doigt le marché qui ne correspond pas aux corps des femmes. « Le marché a échoué, emporté par la mode qui voit les seins des femmes comme un obstacle au design », explique la journaliste Zoe Williams. Si l’arrivée d’Internet et de marques spécialisées rend le défi plus simple, le problème existe toujours. La fondatrice de Bravissimo, une marque britannique réservée aux bonnets D et plus, explique d’ailleurs que les fournisseurs refusent souvent de répondre à la demande de la clientèle. « Si on dit qu’on a des consommatrices qui souhaitent des soutiens-gorge plongeants, beaucoup vont nous répondre ‘c’est pas possible, c’est trop compliqué’« .

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Mais un autre élément a empêché le marché d’évoluer pour convenir aux personnes pour lesquelles il était destiné : le patriarcat. La publicité pour la lingerie s’est longtemps adressée aux hommes, qui achetaient des sous-vêtements pour leur femme, ignorant ainsi les réels besoins de ces dernières. En 1994, Wonderbra lançait d’ailleurs une campagne devenue aujourd’hui culte : la mannequin Eva Herzigova posait en sous-vêtements noirs, à côté d’un gigantesque « Hello Boys ».

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