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Pourquoi le sauvetage des enfants en Thaïlande nous a tant émus

Des histoires singulières peuvent avoir beaucoup plus d'effet que des tragédies qui tuent des milliers de personnes. | © AFP PHOTO / Lillian SUWANRUMPHA

Société

La mobilisation internationale provoquée par l’épisode des enfants coincés dans la grotte en Thaïlande trouve ses racines dans une paralysie psychique nommée « psychic numbing ». Explications.

Un film qui serait en préparation, Elon Musk qui joue au héros des temps modernes et les enfants invités en Espagne pour assister à un match du FC Barcelone. Désormais tous sains et saufs, les douze enfants et leur entraîneur de football, coincés dans une grotte en Thaïlande pendant 17 jours, ont suscité l’émoi et la fascination. Mais pourquoi ce drame touche précisément le monde entier, alors que des tragédies bien plus catastrophiques et tuant bien plus de personnes arrivent tous les jours aux quatre coins de la planète ?

Un manque d’empathie pour le plus grand nombre

Il y a évidemment le contexte. Douze enfants coincés dans une grotte, forcément ça attise l’émotionnel. Mais pas seulement. Une autre raison évoquée serait le « psychic numbing », comprenez une paralysie psychique par les nombres. Celle-ci pourrait expliquer en partie le manque d’empathie de l’opinion publique pour des violences commises contre un grand nombre de personnes.

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Paul Slovic, psychologue et chercheur américain, a étudié ce phénomène lors du cas Aylan Kurdi, cet enfant syrien mort noyé sur une plage turque en septembre 2015 et dont la photo face contre terre avait bouleversé le monde entier.

Vecteurs d’émotion et paralysie psychique

« Devant l’horreur de la situation de millions de réfugiés, le quidam fait un blocage et ne ressent rien. Le très, trop, grand nombre dépasse les capacités d’intégration des personnes. Se représenter 65 millions de personnes en situation extrême, c’est au-delà de l’imaginable », explique la psychiatre Muriel Salmona à 20 Minutes.

© EPA / AFM

Dans le cas d’Aylan ou des enfants thaïlandais, il est beaucoup plus facile pour le quidam de s’identifier. « Les histoires singulières et les photos d’une poignée d’individus peuvent avoir un effet pendant un certain temps. Elles captent notre attention, nous permettent d’appréhender la réalité à une échelle telle qu’on puisse la comprendre et s’y connecter émotionnellement », précise Paul Slovic à Slate

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Ainsi, l’être humain aurait du mal à intégrer un trop grand nombre de personnes dans sa réflexion. Plus le nombre de victimes augmente, plus notre capacité à vouloir aider et avoir de l’empathie diminue. L’identification, avec une histoire (un contexte) clairement identifiable, dans un décor pas trop atroce, permet à notre cerveau de ne pas « bloquer ». « La paralysie psychique par les nombres s’accompagne d’un contexte intégrable », raconte encore Muriel Salmona.

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