Pourquoi l’ascenseur nous rend toujours mal à l’aise

"Quel étage ?" | © Pxhere
Coincé avec un inconnu dans un ascenseur, l’atmosphère devient rapidement pesante. Si le manque d’espace peut expliquer cette situation connue de tous, ce ne serait pas la seule raison.
8h57. Après un petit sprint, vous arrivez tout juste à temps au travail et montez dans l’ascenseur. Vous appuyez directement sur le bouton afin de refermer les portes et jeter un coup d’œil au miroir pour arranger vos cheveux, mais ce n’est pas votre jour de chance : un collègue inconnu au bataillon se glisse à la dernière seconde entre les portes. Après un timide bonjour et un poli « quel étage ? », le silence s’installe. Les yeux rivés sur vos chaussures ou votre téléphone, vous évitez tout contact visuel tout en espérant que le supplice soit bientôt fini. Mais pourquoi partager l’ascenseur avec un inconnu nous rend-il si mal à l’aise ?
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« Vous n’avez pas assez d’espace« , explique à la BBC Babette Renneberg, professeure de psychologie à l’Université libre de Berlin. « Lorsque nous rencontrons d’autres personnes, nous avons généralement une distance de la taille d’un bras entre nous. Et ce n’est pas possible dans la plupart des ascenseurs, donc c’est un cadre très inhabituel. Ce n’est pas naturel ». Dans un espace aussi restreint, il est vital, dit-elle, d’agir d’une manière qui ne peut être interprétée comme menaçante, étrange ou ambiguë. Le moyen le plus simple consiste à éviter tout contact visuel.
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Un moyen de transport incontrôlable
Pourquoi l’atmosphère dans un ascenseur est-elle si embarrassante, alors qu’elle ne l’est pas dans un train ou un métro ? Outre son trajet vertical, ce moyen de transport présente une différence cruciale par rapport aux autres : il n’y a pas de conducteur. « Vous entrez dans une machine qui bouge et sur laquelle vous n’avez aucun contrôle. Vous ne pouvez pas voir le moteur et vous n’avez aucune idée de son fonctionnement », explique Dr Lee Gray de l’Université de Caroline du Nord, connu pour son travail sur la psychologie des ascenseurs. Cette impuissance est également la cause principale de la claustrophobie.
Si la gêne que nous ressentons dans cette boîte métallique est, en apparence, causée par une certaine exposition, il s’agit surtout, d’un point de vue plus primitif, de la peur de céder le contrôle, à la fois de notre espace personnel et de notre liberté de mouvement.